Lucien JACQUES
Lucien JACQUES
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Lucien Jacques est né le 2 octobre 1891 à Varennes-en-Argonne, dans la Meuse. Il est le fils d’Alphonse Jacques, cordonnier et de Jeanne Scheck, vendeuse de tabac.
Les parents de Lucien Jacques s'installent à Paris en 1896, pour suivre leur fils ainé qui poursuit une formation de joaillier. Lucien Jacques entre à l’école primaire (où il se lie d'amitié avec Henry Poulaille) et passe, sans succès, son certificat d'études. Il devient alors apprenti chez un joaillier sertisseur, comme son frère. Ce dernier n’hésite pas à l’emmener à des concerts de musique.
Son père doutant de son avenir artistique, Lucien Jacques quitte le domicile familial et vit de petits emplois. Il est tour à tour commissionnaire, employé chez un marchand de métaux et travaille dans le milieu (déjà l'art) de la création de bijoux et de la sculpture sur ivoire. Il fréquente alors le Louvre.
Au début des années 1910, il faire la connaissance de la danseuse américaine Isadora Duncan. Il en fera son modèle, et deviendra vite son secrétaire particulier. Séduit par sa personnalité, il en parlera souvent dans ses écrits tout au long de son existence. Il rencontre aussi Raymond Duncan, s’inscrit à son Akadémia et y pratique la danse, la gymnastique et le tissage. Il y rencontre de nombreux intellectuels et artistes que réunit entre eux la passion de la Grèce et de l’hellénisme.
La Grande Guerre
Antimilitariste, il hésite entre se réfugier à l'étranger ou répondre aux obligations du service. Il va répondre à sa feuille d'appel, souhaitant cependant être un acteur passif de ces tragiques événements à venir. Artiste, il est versé dans la section musique du 161e régiment d'infanterie à Saint-Mihiel et se lie avec Alexandre Noll, le peintre Henry et les frères de la Laurencie, officiers et amateurs d'art. Ces derniers demandent à Lucien Jacques de "monter" et danser l'Orphée de Gluck.
Passant du service à la guerre, il devient brancardier et va parcourir son département de naissance livré au chaos et à la désespérance.
Bataille d'Argonne en 1915, de Verdun en 1916.
Blessé plusieurs fois, il part en convalescence en Bretagne où il se lie avec Louis Guilloux, puis dans le sud de la France. Il commence à réaliser des bois gravés et des filets décoratifs qu'il exposera à la fin de la guerre, chez Druet à Paris.
Il en ressortira profondément pacifiste. Durant ces années, il écrira son journal Carnets de Moleskine.
L'entre-deux guerres
Démobilisé, il rejoint Paris et ouvre une boutique de produits divers qu'il a lui-même élaborés. Il écrit des textes, édite et expose. Il publie ensuite des poèmes qui lui ont été inspirés par la guerre. Il expose des bois gravés avec ses amis Noll, Vox, Daliès, Quillivic...
Il crée ensuite Les Cahiers de l'artisan, revue artistique qui consacre à chacune de ses parutions les productions d'un artiste.
Il se lie avec de nombreux écrivains (Gide, Poulaille, Martinet, Paulhan, Guéhenno), le compositeur américain Samuel Barlow, le peintre Stuart Davis, etc.
En 1922, pour des raisons de santé, il quitte Paris pour la Côte d'Azur, à Grasse. Il y rencontre le poète Charles Vildrac. Il y relance la revue Les Cahiers de l'artisan qu'il avait ébauchée lors de son séjour parisien. Il collabore à la revue littéraire marseillaise La Criée. C'est par l'intermédiaire de cette revue, en 1924, qu'il fait la connaissance de Jean Giono. Lucien Jacques publie dans Les Cahiers de l'artisan une série de poèmes (Accompagnés de la flûte) puis expédie à l'éditeur parisien Grasset un texte de ce jeune auteur (Naissance de l'Odyssée), texte qui sera refusé. Pour convaincre définitivement Grasset, il lui soumet un roman : Colline.
Dans les années 1925-1935, il collabore à différentes revues culturelles et littéraires (Nouvel Âge et À contre-courant de Poulaille, Les Humbles de Maurice Wullens, Clarté de Barbusse, etc.), profite de voyages à l'étranger pour présenter ses œuvres ou en créer d'autres (Italie, Égypte). Son voyage à Rome lui fait découvrir la fresque dont il usera en de nombreux endroits (Saint-Paul-de-Vence, Manosque entre autres). Il s'installera à Saint-Paul.
Lucien Jacques sera avec Giono, dès 1936, le pivot du rendez-vous des intellectuels, des pacifistes et aficionados de l'œuvre de l'écrivain de Manosque : Les Rencontres du Contadour, hameau de la Montagne de Lure à proximité de Banon. Il créera à cette occasion les Cahiers du Contadour, sorte de compte-rendu littéraire de chaque séjour : textes inédits, poèmes, réflexions, traduction (comme Moby Dick d'Herman Melville, en collaboration avec Giono et Joan Smith).
La Deuxième Guerre mondiale
Pendant le deuxième conflit mondial il gagne la Montagne de Lure. Il continue à recevoir les amis contadouriens qui veulent prolonger les « rencontres », et passe l'hiver à Montlaux où il achète une maison près de ses amis Pellegrin.
Puis il s'installe à Montjustin, près de Manosque, qu'il veut transformer en village d'artistes. Peintres, écrivains et poètes ses amis s'y arrêtent à chaque occasion. C'est pour lui une époque prolifique, où il voyage, expose, crée et édite beaucoup. En 1953, il relance à nouveau les Cahiers de l'artisan. Durant cette période, il met sur pied une édition de livre de luxe des œuvres de ses meilleurs amis, dont Giono avec qui il s'était quelque peu brouillé.
Dernières années
Lucien Jacques passe les six dernières années de sa vie à Gréoux-les-Bains où il se liera d'amitié avec le cordonnier Yvon Michel. Son état de santé ne l'empêche pas de créer et d'exposer encore. En 1960, il participe au tournage de Crésus, le film de Giono, devenant décorateur et accessoiriste de film, bien que fatigué par sa maladie. Le cancer l'emportera à l'hôpital de Nice le 11 avril 1961. Lucien Jacques est enterré à Montjustin le 13 avril 1961.
Bibl. : Wikipédia.org
Alain Amant "Lucien Jacques, ancien berger, autodidacte, polygraphe, peintre et poète" in "Le Pays Lorrain" 1956