Mercure rapportant le bétail d'Admète à Apollon
Lot n° 20
signé, inscrit et daté à l'encre brune, en bas à gauche : Claudio / inv. fecit / Roma 1671
170 x 244 mm
Littérature
M. Roethlisberger, Claude Lorrain : Les peintures , New Haven 1961, I, pp. 450-1 ;
M. Roethlisberger, Claude Lorrain : Les Dessins , Berkeley et Los Angeles 1968, I, n° 1029 ;
A. Zwollo, « Une étude supplémentaire pour le tableau de Claude « L'arrivée d'Énée à Pallantium » », Master Drawings , vol 8, 1970, p. 274
Exposé
Cambridge, Musée d'art Fogg, Collection Curtis O. Baer , 1958, n° 39.
Atlanta, High Museum of Art, et al., Dessins de maître du Titien à Picasso : la collection Curtis O. Baer , (catalogue par Eric M. Zafran) 1985, n° 57
Note de catalogue
Le sujet représenté dans cette composition est rarement représenté de manière picturale ; le récit est tiré de l'Hymne homérique à Mercure qui relate la querelle entre Apollon et Mercure. La dispute est déclenchée par le vol par Mercure du bétail d'Admète, dont le troupeau avait été confié à Apollon. Lorsque le vol est découvert, Apollon proteste auprès de Jupiter, qui, à son tour, ordonne à Mercure de rendre le bétail à Apollon. La composition de Claude se concentre sur le moment de la réconciliation entre les frères, où des cadeaux sont échangés ; Mercure offre à Apollon une lyre et reçoit en retour un bâton d'or, les cadeaux devenant les attributs respectifs de ces figures mythologiques bien connues.
Il s'agit, dans son essence, d'un paysage claudien par excellence, mais ici l'artiste adapte la scène pastorale idyllique pour explorer et raconter le récit mythologique. Alors que le paysage est souvent le protagoniste de nombreuses compositions de Claude, et un genre pour lequel il est considéré comme une figure révolutionnaire, ici, dans cette étude particulière, il remplit un rôle plus secondaire. Il est cependant loin d'être relégué à l'arrière-plan, servant plutôt à compléter les personnages et les animaux qui dominent la composition. Il rappelle quelque peu les dessins de Claude tirés de ce qu'on appelle « l'Album animalier », où l'artiste étudie divers animaux de manière isolée. Le paysage comprend toujours tous les éléments merveilleux qui sont devenus synonymes du style poétique de Claude : le petit bout de feuillage qui s'épanouit en bas à droite de la feuille, les feuilles qui ornent les arbres au loin et sa maîtrise des médias pour créer des lignes lyriques et énergiques pour exprimer les montagnes et les collines et les ondulations du terrain.
On reconnaît également les procédés de composition que Claude emploie avec tant de succès dans toute son œuvre : l' effet repoussoir , qui utilise l'affleurement rocheux pour créer un élément de cadrage dans la partie gauche du dessin et la main tendue et gestuelle de Mercure qui guide le regard vers le troupeau de bovins. Ces procédés subtils contribuent à créer structure et équilibre mais ne compromettent pas la liberté et la spontanéité de l'écriture de Claude.
Une autre étude similaire, moins complète dans son rendu du paysage et à l'envers de la présente feuille, est conservée au British Museum et est datée par Roethlisberger d' environ 1671. 1 On ne sait pas si l'un ou l'autre de ces dessins a été exécuté en préparation d'une toile peinte. Cependant, Claude est revenu sur le sujet plus tard dans sa carrière, en 1677, dans un dessin de composition plus développé, aujourd'hui conservé à Berlin. 2 Ce dessin se rapporte à un tableau aujourd'hui perdu de 1679, commandé par l'un des mécènes estimés de Claude, l'abbé Louis d'Anglure, sieur de Bourlemont (1627-1697), aujourd'hui connu grâce à la copie dessinée de Claude de la composition datée de 1678 dans le Liber Veritatis au British Museum. 3 Toutes les études conservent, en général, la disposition des personnages et du bétail, qui restent bien sûr au cœur du récit, mais les versions ultérieures représentent un paysage un peu plus large et étendu qui comprend une rivière et un temple classique. Comme l’a noté Roethlisberger, il n’était pas rare que Claude explore et fasse progresser des motifs et des thèmes qu’il avait utilisés dans des œuvres plus tôt dans sa carrière.
Autrefois propriété du révérend Dr Henry Wellesley, dont la célèbre collection ne contenait pas moins de 200 dessins de Claude, cette étude forte et expressive, audacieusement signée et datée, est un splendide exemple du dessin imaginatif et poétique de Claude.
1 M. Roethlisberger, Claude Lorrain : Les dessins , Berkeley et Los Angeles, 1968, n° 1028
2 Roethlisberger, op.cit ., n° 2. 1111 ; Berlin Kupferstichkabinett, inv.no. kdZ 1476
3 Ibid ., no 1112
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- GELLÉE dit Le LORRAIN Claude