François-Louis FRANÇAIS
François-Louis FRANÇAIS
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Peintre, lithographe né à Plombières-les-Bains en 1814. Il est le fils de Jean Français, mercier et de Marie-Anne Vançon. Ayant montré très tôt des aptitudes pour le dessin, sa famille, pour favoriser sa carrière artistique, lui trouve un emploi de commis de librairie à Paris en 1829. Employé chez l'éditeur Paulin, il copie en cachette les illustrations des livres qui passent entre ses mains. Le peintre bisontin Jean Gigoux remarque ses talents et le fait entrer dans son atelier en 1835. On lui confie la création de lettres ornées pour le Gil Blas de Lesage édité par Paulin.
C'est le début d'une longue carrière d'illustrateur au cours de laquelle, jusqu'en 1860, il dessine des vignettes pour une centaine d'ouvrages et pour de nombreuses revues. PourPaul et Virginie, édité par Curmer en 1836 et considéré comme un des chefs-d'oeuvre des illustrés romantiques, il dessine plus de 200 vignettes dont une cinquantaine de paysages avec la collaboration de Tony Johannot pour les personnages. Également associé avec Granville, mais surtout avec Baron et Nanteuil, avec lesquels il adopte le monogramme commun B N F, il figure parmi le groupe des peintres de la Colonie de Bougival. On trouve sa signature au bas de nombreuses gravures destinées à illustrer des livres tels que Les Mille et une nuits (1839), Les Aventures du chevalier de Faublas (1842), Roland furieux (1844), lesNouvelles genevoises de Toppfer (1845), les Voyages en Zig-Zag du même auteur et surtout la Touraine de l'abbé Bourassé, édité par Mame en 1855. Dans ce superbe ouvrage, Français fournit 40 gravures sur bois, 11 belles initiales et 5 planches gravées sur acier qui lui valurent, avec son collaborateur Karl Girardet, une médaille d'or à l'Exposition Universelle de 1855.
Parallèlement à son activité d'illustrateur, Français effectue une carrière de peintre remarquée. Dès 1834, il est, selon les historiens de l'École de Barbizon, un des premiers peintres à s'installer à la célèbre auberge du père Ganne en forêt de Fontainebleau où un chêne fut baptisé à son nom. Il s'affirme comme un paysagiste de premier mérite, d'un mérite analogue à Corot dit de lui Baudelaire dans ses Écrits sur l'Art, en 1845 devant un tableau intitulé Soleil couchant. Et l'éminent critique ajoute : il sait étudier la nature et y mêler un parfum romantique de bon aloi.
Sur les conseils de Corot, Français fait un premier voyage d'études en Italie de 1846 à 1849. Il y retourne de 1864 à 1866, puis en 1873. De ses séjours il rapporte de nombreux dessins, esquisses ou aquarelles qui lui permettent d'exécuter des toiles telles que Soleil couchant en Italie, le Ravin de Nepi, Vue des environs de Rome, Nouvelle fouilles de Pompéi (1865), Le Colisée (1877), Le Lac de Nemi et Sentier à Rome (1878), l'Ave Maria à Castelgandolfo (1880), Rivage de Capri (1883), etc... Au retour de son premier voyage transalpin, il se lie d'amitié avec Gustave Courbet et effectue avec lui au moins un voyage à Ornans qui lui inspire Le Miroir de Scey (1875), le Ravin du Puits noir (1874), la Vallée de la Loue, etc...
Abandonnant les idées socialistes de sa jeunesse, il fréquente sous le Second Empire les soirées offertes par Napoléon III à Compiègne ou à Plombières. Pour s'attirer sympathie et commandes officielles, il se livre à une production un peu artificielle dans le style néo-classique. Dans des paysages réalistes peints en Italie, dans les Vosges, à Barbizon ou aux Vaux de Cernay dans la région parisienne, il place des personnages mythologiques. Ces tableaux de salon, au demeurant peu nombreux, sont très appréciés. A cette veine appartiennent son Bois sacré (1864, au musée de Lille), Daphnis et Chloé (1872, musée du Louvre), et surtout Orphée (musée d'Orsay) que le Dictionnaire Larousse du XIX° siècle n'hésite pas à considérer comme son chef d'oeuvre. A la même époque, il fréquente souvent Honfleur et sa région, où il retrouve Corot, Courbet, mais aussi Boudin et Jongkind. Avec eux, il séjourne à la ferme Saint-Siméon sur la Côte de Grâce et participe au mouvement pré-impressionniste. En 1866, il lance l'idée d'ériger à Nancy un monument à la mémoire de Claude Gelée et en préside le comité et l'inauguration. La fin de sa carrière est une apothéose. Après avoir raflé les premiers prix dans de nombreuses manifestations, il devient membre du jury au Salon et aux expositions universelles.
Au Salon de 1884, il présente deux huiles "Derniers jours d'automne dans les Vosges" et "Une matinée à Clisson" tout particulièrement appréciés par la critique".
En 1890, il est élu à l'Académie des Beaux-Arts.
En 1895, il expose au Salon parisien des Artistes Français deux huiles "La récolte du chanvre" et "Vue d'Antibes prise d'un olivier sur la route du Cap".
A l'exception de quelques portraits (dont ceux de Corot, Ingres, la duchesse d'Orléans...), l'oeuvre de Français comprend surtout des paysages. Ses sites préférés sont choisis dans les Vosges, en Italie, dans la région parisienne. Mais il peint aussi les Alpes, la Côte d'Azur, la Bretagne, les bords de la Sèvre près de Clisson, etc... Il est essentiellement un peintre de sous-bois et d'arbres au bord de rivières ou d'étangs. Comme la plupart des paysagistes de Barbizon, il peuple ses toiles de personnages : fileuses, bergères, chevriers, faucheurs ou faneurs. Ainsi en est-il dans ses oeuvres vosgiennes telles que le Village de Bellefontaine (musée de Plombières) ou Vallée de l'Eaugronne (1889). En 1902, cinq ans après sa mort, ses amis inaugurent un monument à sa mémoire à Plombières.
Après son décès le 28 mai 1897, fut publié dans le numéro de juin 1897 de la revue "Bulletin des Sociétés Artistiques de l'Est", un long article saluant la belle carrière de l'artiste vosgien. Artlorrain.com tient, sur demande, à la disposition de ses abonnés, une copie de ce long texte parfaitement documenté de Gaston SAVE.
En 1905, sa ville natale, à qui il avait fait donation de sa maison, la transforme en Musée Louis Français. Quant à la ville de Paris, elle donne son nom à une rue en 1907, près de la place d'Italie. Quelque peu oublié dans le raz-de-marée de l'art moderne, souvent critiqué pour son arrivisme, Louis Français connaît aujourd'hui un juste regain de faveur et d'estime qui le place au rang qu'il mérite, celui d'un excellent petit-maître de l'école française du XlX° siècle.
Dans le cadre de l'Exposition d'Hiver du "Cercle des Mirlitons" en février 1885, sont très appréciées "Rues de Clisson" et une aquarelle le représentant au "Salon des Aquarellistes"
Bibl. : Larousse du XIX° siècle en 15 volumes, article Louis Français.
Gros (Aimé).- Louis Français, Causeries et souvenirs par un de ses élèves, 1902, 297 p.
Conilleau (Roland).- Aquarelles, dessins et gravures de Louis Français, catalogue d'exposition, 1981 et du même : François-Louis Français, illustrateur romantique, in Bulletin de la Société Philomatique vosgienne, 1981.
- "Louis Français , Etudes - Donation Girardin-Français" - Musée Municipal Charles de Bruyères - décembre 1990- février 1991.
EcriVosges : "Biographie vosgienne"