Portrait de Caroline Murat, reine de Naples, en tenue de style Troubadour.

Portrait de Caroline Murat, reine de Naples, en tenue de style Troubadour. - Miniature sur ivoire signée

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Lot n° 16
Circa 1808-1815.

Rare miniature ovale peinte sur ivoire, signée en bas à droite “Dun”, représentant Caroline Bonaparte en buste de face, vêtue d’une robe de velours rouge à brandebourgs dorés inspirée des hussards de Naples, à haut col, portant une coiffe de plumes d’autruche et de satin blanc.
Dans un cadre ovale en or (750 millièmes) et métal doré à suspendre, à bordure émaillée rouge et vert torsadée. Dos à refixer, usures à la peinture notamment au fond gris, taches. H. 6,5 cm x L. 5,5 cm. Poids brut : 42,6 g.

Provenance
- Probablement commandée par Caroline Murat, reine de Naples (1808-1815) vers 1810, pour être offerte en présent.
- Collection Viktor (1851-1927) et Paula Zuckerkandl, Vienne (Autriche).
- Vente de leur petit-fils, Wawra, Vienne, 7 mai 1928, lot 79 (invendue).
- Vente Dorotheum, Vienne, 10 octobre 1929, lot 65 (invendue). - Vente Dorotheum, Vienne, 17 février 1930, lot 94 (vendue).
- Vente “Fine English and Continental Miniatures”, Sotheby’s, Londres, 26 juin 1978, lot 27.

Historique Nicolas-François Dun, né en Lorraine dans une famille de musiciens à la cour, aurait quitté sa ville natale fort jeune et suivi les armées napoléoniennes en Italie avant de s'installer à Naples au début du XIXe siècle, où il va participer au renouveau artistique de la ville. La carrière de Dun peut se diviser en trois périodes : celle de son arrivée à Naples jusqu’en 1808 à la cour de Lady Hamilton, l’époque Murat de 1808 à 1815 (à laquelle se rattache notre miniature), et la période de 1815 à sa mort en 1832, où Dun travaille à nouveau pour les Bourbons de Naples et les membres de l’aristocratie européenne. L’époque du règne de Murat de 1808 à 1815 est particulièrement intéressante pour l’art de la miniature à Naples qui connaît alors un réel engouement (la ville compte une trentaine de peintres spécialistes), si bien qu’en 1809, le roi Joachim institue une classe de miniature dans le cadre de la réorganisation de l’Académie royale de dessin, avec pour professeur Antonio Zuccarelli. Naples devient ainsi la seconde ville à enseigner officiellement l'art de la peinture en miniature en Europe, après Saint-Pétersbourg. Après la chute de Joachim Murat, Dun, se ralliant au pouvoir, travaille de nouveau pour les Bourbons de Naples et des membres de la haute aristocratie européenne de passage à Naples, réalisant ainsi les portraits du prince de Salerne ou encore des comtes Orlov. En 1824, il participe au Salon de Paris où il expose les portraits en miniature du duc et de la duchesse de Calabre.

Pour sa part, Caroline Murat, qualifiée de “Reine des Arts”, est reconnue pour sa beauté, son élégance, son esprit et sa culture ainsi que son intelligence politique. Pour son palais napolitain, la souveraine fait appel aux meilleurs artisans de son temps et elle entretient des relations privilégiées et fidèles avec les artistes français et italiens de son époque comme Gérard, Dunouy, Bidault, Rolland, Canova. Elle est tout à la fois collectionneuse avisée, possédant de nombreuses peintures de la Renaissance acquises en Italie, et commanditaire “avant-gardiste”, ayant soutenu Ingres, Granet ou encore la peinture troubadour. C’est dans ce contexte artistique foisonnant que le miniaturiste lorrain Nicolas-François Dun, installé à Naples, réalise ce portrait de la reine Caroline Murat vers 1814. À la mort de son époux en 1815, elle entame avec ses quatre enfants un exil forcé à Trieste, Vienne et Florence, ville où elle sera finalement enterrée en 1839.
Ce portrait miniature de la reine de Naples est remarquable par son rendu précis et sa grande finesse, en particulier dans la qualité du modelé du visage où la peau légèrement nacrée est relevée sur les joues par des touches délicatement rosées, mais aussi par sa tenue. Le buste de la Reine très coloré et rehaussé d’or se détache sur un fond gris. Il ne s’agit pas d’un portrait d’apparat, la reine n’ayant ni couronne ni diadème, mais plutôt d’un portrait intime, superbement vêtue et coiffée de style troubadour. Nicolas-François Dun a réalisé plusieurs miniatures de Caroline, dont Millon a déjà vendu un portrait tout aussi beau (voir ci-dessous). Grâce aux archives consultées des Princes Murat des Archives nationales de France à Paris, on sait par les comptes de l’année 1814 de la reine Caroline que celle-ci commanda à Dun plusieurs portraits d'elle, du roi Joachim et de leurs enfants en différents formats, espacés en plusieurs commandes. Une série de miniatures était destinée à orner une boîte rouge appartenant à la souveraine. Au début du XXe siècle, les portraits des Murat exécutés par Dun se sont dispersés dans différentes collections.

Œuvres en rapport - L’un des plus beaux portraits de Caroline Murat par Dun, donnée par elle à son intendant Louis-Frédéric Bourgeois de Mercey (1762-1850) en 1822, vendu chez Millon, vente La Face des Rois, 23 novembre 2023, lot 19 (adjugé 35.100 €). - Deux autres miniatures représentant la reine de Naples par Dun et provenant des collections Murat ont été récemment vendues à Drouot : Collin du Bocage, 23 juin 2017, Souvenirs Historiques, lots 117-118. L’une semble être une deuxième version moins aboutie du portrait vendu chez Millon, néanmoins signée. - Un autre exemple est ce double portrait des princes Achille et Lucien Murat, les deux fils de Joachim et Caroline Murat, toujours peints par Dun, vers 1810, et récemment vendus : Christie’s, Paris, 29 novembre 2017, Le Goût Français, lot 25A. Ils faisaient également partie des collections Murat. Littérature - Chiara Parisio, “Nicolas-François Dun. Ritrattista in miniatura dei Borbone e dei Murat”, Brescia, 2024, cat. 60, pp. 42-43 (repr.). - Catalogue de l'exposition Caroline, Sœur de Napoléon, Reine des Arts, présentée au musée Fesch, Ajaccio du 30 juin – 2 octobre 2017. - Nathalie Lemoine-Bouchard, Les peintres en miniature actifs en France, 1650-1850, Les éditions de l’Amateur, Paris, 2008, p. 216. - Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français, 1925, "Le miniaturiste lorrain Nicolas-François Dun (1764-1832)" par M. Carlo Jeannerat, pp. 96 à 110. - Henri Bouchot, La miniature française 1750-1825, Paris, Emile-Paul Éditeur, 1910.