Jean Ignace Isidore GRANDVILLE, né le 15 septembre 1803, rue Callot à Nancy, ne s'appelait pas Grandville mais GERARD.
Sa mère refusa toujours de lui donner les prénoms de son état civil, préférant , jusqu'à sa mort, l'appeler Adolphe : curieux départ pour un artiste qui a toujours piqué la curiosité des psychiatres.
La réputation de Grandville fut longtemps celle d'un artiste, certes de grand talent, mais qui, semblait-il, gâchait ses dons par des fantasmes plus oniriques qu'artistiques.
Il eut le malheur de terminer sa vie dans une maison de santé psychiatrique en proie à un délire non diagnostiqué à l'époque. Que diraient nos psychiatres actuels ?
Grandville ne fut guère épargné par les malheurs durant sa courte vie et cela explique peut être le caractère quelque peu particulier de son oeuvre.
Certains parleront d'une "névrose de création" !
Ses dessins "bizarres" sont à découvrir dans les riches collections du Musée des Beaux Arts de Nancy et Artlorrain.com dévoile, depuis plus de vingt ans, les pièces mises en vente par les commissaires priseurs de notre hexagone ou du Monde entier.
Et nous allons être comblés à Paris le 8 novembre prochain avec la vente de dessins organisée par la maison ADER-NORDMANN à l'Hôtel Drouot.
Parmi une importante collection de maitres anciens, figurent rien moins que 53 dessins à l'encre de GRANDVILLE.
Depuis la fameuse vente du 25 mars 2010 par l'étude Piasa, nous n'avions pas eu un lot aussi important.
Rappelons, le possible record mondial obtenu, ce jour là, pour cette feuille " Caricature : cinq personnages et un couple de dos". Sur une estimation de 2000 à 3000 euros, il avait fallu débourser 19 000 euros (frais en plus) pour l'acquérir.
Voici quelques feuilles de notre prochaine vente :
"Louis Philippe et ses trois fils observant le ballet des courtisans", un dessin à la plume et encre brune de 27,5x39cm.
L'expert de la vente donne une estimation entre 4000 et 6000 euros :
« Le Mysocampe génie fantastique » que je présente en tête de cet article.
Devant ce dessin, Michel SIMON pourrait dire, comme dans son dialogue avec Louis JOUVET "Bizarre, vous avez dit bizarre ... !
Il s'agit d'un dessin préparatoire à la gravure "Le Misocampe" (voir: A. Renonciat, J.J.Granville, ACR édition-Vilo, Paris, 1985, p.208, reproduite). Gravure exécutée pour Les Amours de deux bêtes d’Honoré Balzac et Vie privée et publique des animaux, études de mœurs contemporaines (George Sand, Charles Nodier, J. Janin, Stahl, P. Bernard, E. de La Bédollière, L. Baude, Ed. Lemoine, etc.; vignettes par Grandville; [sous la direction de P.-J. Hetzel édité par J.Hetzel et Paulin à Paris en 1852], p.181)
Ce dessin à la plume et encre brune, sur traits de crayon noir. Signé, 20cmx19,5cm est estimé entre 4000 et 6000 euros.
"La Perruche en poète" là aussi dessin à la plume et encre brune sur traits de crayon noir. Non signé mais avec un cartel nominatif, 3 à 4000 euros :
Ce dessin est préparatoire à la gravure «Je suis, répondit l’inconnu, le grand poète Kacatogan», illustrant le livre : Scènes de la vie privée et publique des animaux: études de mœurs contemporaines / par MM. de Balzac, George Sand, Charles Nodier, J. Janin, Stahl, P. Bernard, E. de La Bédollière, L. Baude, Ed. Lemoine, etc.; vignettes par Grandville; [sous la direction de P.-J.Hetzel édité par J. Hetzel et Paulin à Paris en 1852], p 208.
« Jupiter et les animaux du cirque »
22,5 x 19,5 cm avec une estimation de 3000 à 4000 euros.
Ce dessin a servi pour une lithographie datée vers 1843-1844 (voir : A. Renonciat, J.J. Granville, ACR édition-Vilo, Paris, 1985, p.246, reproduite). :
Ce dessin a servi pour une lithographie datée vers 1843-1844 (voir: A. Renonciat, J.J.Granville, ACR édition-Vilo, Paris, 1985, p.246, reproduite).
"Les Présentations à la cour", plume et encre brune sur traits de crayon noir avec cartel nominatif.
Légendée au crayon noir « Le [?] Mr Guillaume présentant à la mode d’Angleterre, ses deux lions/ lionceaux » :
"Corneille les mains dans les poches, marchant dans une rue animée", Plume et encre brune, sur traits de crayon noir.
Ce dessin est préparatoire à la gravure «Les études sont pénibles, coûteuses, mais les étudiants sont intrépides» illustrant le livre Scènes de la vie privée et publique des animaux: études de mœurs contemporaines. Vol. 1 / publiées sous la direction de M. P.-J. Stahl; vignettes par Grandville; avec la collaboration de messieurs de Balzac, L. Baude, E. de La Bédollière, P. Bernard, J. Janin, Ed. Lemoine, Charles Nodier, George Sand édité par J. Hetzel et Paulin à Paris en 1842, à la page 41. :
«Les plaisirs de l’Omnibus» Plume et encre brune, lavis brun, sur traits de crayon noir. Légendée dans le bas au crayon noir: «… (,)je n’arriverai jamais», datée sur le motif de «1845». Esquisse au crayon noir au verso, peu lisible, l’encre brune transparaissant. Numérotée en haut à gauche au verso du montage «G236». Cartel en bas au centre sur le montage «J.J.Granville». (Légèrement insolé, petites taches et petites pliures sur le bord droit). 18,5x24,5cm
Ce dessin est préparatoire à la gravure «Les plaisirs de l’Omnibus» (voir: Catalogue de vente, collection d’un amateur, J.J. Granvillle, Librairie Benoit Forgeot, et Sims Reed Ltd, 2007, lot n°69, reproduite: Musée ou magasin comique de Philipon: contenant près de 800 dessins. Volume 1 / par MM. Cham, Daumier, Dollet, Eustache... [et al.]; textes par MM. Bourget, P. Borel, Cham, L. Huart... [et al.], édité chez Aubert & Cie, Paris, 1842-1843, p. 81).
"La foire aux puces de Nancy", Plume et encre brune, aquarelle sur traits de crayon noir. signée 10,8cmx24,2cm
17cmx23cm On y reconnait, les mains dans la poche et en chapeau jaune, le Grand-père Mandel, Monsieur Noël et d'autres bourgeois de Nancy. Offert par Grandville à Monsieur Mandel, son ami. :
"Grand succès des bêtes aux Tuileries", 6,5cmx12,3cm
Cette plume et encre brune, « Gulliver et un Lilliputien », 19cmx12cm
Dessin, projet d’illustration pour Voyages de Gulliver dans des contrées lointaines. Vol. 2 / par Swift publié par H. Fournier, Paris, 1838.
ou encore ce dessin « Solo de grosse caisse » Plume et encre brune, sur traits de crayon noir. Signé
25,5cmx19,5cm :
Il lui fallait bien se plaindre de sa condition avec ces "Petites misères d'un illustrateur", un dessin préparatoire pour "Les petites misères de la vie humaine" d'Emile Forgues. Dessin à l'encre estimé entre 1000 et 1500 euros :
Citons enfin cette « Allégorie humoristiques des sports », Plume et encre brune, sur traits de crayon noir avec cartel nominatif, 18 x 10 cm sur trois pièces de papier assemblées :
Quelle satire pour le monde contemporain de notre artiste !!
Et puis beaucoup d'autres feuilles de grande qualité. On retrouvera la totalité des lots sur le beau catalogue édité par la maison ADER-NORDMANN et la majeure partie sur la fiche de l'artiste sur notre site Artlorrain.com.
Robert LETERRIER