Paul Adolphe RAJON

Paul Adolphe RAJON

1843 - 1888

Ville:

Paul Adolphe RAJON né le 2 juillet 1843 à Dijon (Côte-d'Or) et mort le 7 juin 1888 à Auvers-sur-Oise (Val-d'Oise) est un peintre et graveur français.
 Il commence à travailler en 1857 comme retoucheur de portraits et clichés, chez un photographe à Metz, Pierre Joseph Meurisse, époux de sa sœur Marguerite. En 1859-1860, tout en continuant les retouches, il suit, à l'école municipale de dessin de Metz, les cours d'Auguste MIGETTE où il se lie d'amitié avec un autre élève Émile BOILVIN. En 1862, il y obtient un prix d'excellence.

En 1862, ayant économisé 40 à 50 francs, il part à Paris souhaitant y poursuivre son métier de retoucheur et approfondir ses études de peinture[ et s'installe au 4, rue de la Madeleine. Paul Rajon et Émile Boilvin s'inscrivent à l'École des beaux-arts de Paris dont ils fréquentèrent l'atelier d'Isidore Pils,. Paul Rajon y restera peu de temps, mais fait des rencontres qui déterminèrent sa vie artistique : Léopold FLAMENG, Félix Bracquemond et Léon Gaucherel, tous trois graveurs. Rajon apprend ainsi la gravure suivant les conseils de l'un et l'autre de ces maîtres. Il fait aussi la connaissance de Philippe Burty, critique d'art influent, promoteur de l'estampe et de l'eau-forte, collaborateur de la Gazette des beaux-arts, qui lui commande en 1868 une gravure pour le recueil Sonnets et eaux-fortes.

Quoique deux sources mentionnent que Paul Rajon participa au Salon de 1865 avec un portrait de femme à la craie, celui-ci avait commencé, essentiellement à cause de ses faibles ressources, à pratiquer l'eau-forte en copiant des œuvres sans prendre le temps d'étudier vraiment l'histoire de la gravure ou courir les bibliothèques et musées pour enrichir ses connaissances. Henri Béraldi écrira de Paul Rajon : « aucune étude ni maître ».

Émile BoilvinPortrait de Paul Rajon (1867), gravure, New York, Metropolitan Museum of Art.

Dès 1867, sa collaboration avec la Gazette des Beaux-Arts fait connaître quelques bois gravés d'après Géricault et une eau-forte d'après le Rembrandt de Jean-Léon Gérôme. Adolphe Goupil, marchand de tableaux et éditeur d'art achète aussitôt les planches faites par Paul Rajon pour les diffuser aux amateurs. Jean-Léon Gérome, qui était l'époux de Marie, la fille de Goupil, apprécie le travail de Rajon et lui propose de choisir cinq autres de ses compositions pour commencer un album.

Paul Rajon est présent au Salon de 1868 avec des gravures d'œuvres de Gérome : Rembrandt gravant dans son atelierLe MuezzinLe Corps de garde d'Arnautes au Caire ainsi que Le Printemps de Charles Marchal, toutes imprimées par Goupil et louangées par Burty. Ses autres gravures remarquées des années 1868-1869 sont : Jeunes grecs à la mosquéeLe Hache-paille égyptien et Le Duel après le bal d'après Gérome, Le Liseur et Le Peintre d'après Ernest Meissonier, exécutées pour Goupil, ainsi que La Lecture de la bible et Le Mariage protestant en Alsace d'après Gustave Brion publiées par La Gazette des Beaux-Arts. Les gravures d'après Meissonier et Brion et La Querelle apaisée de Benjamin Vauthier seront exposées au Salon de 1869 où Rajon sera récompensé d'une médaille. Paul Rajon a également gravé d'après Meissonier Monsieur PolichinelleLe Liseur (la tête sur la main)Le GraveurLe Fils du peintre Meissonier en costume Louis XIII.

De nouveau exposé au Salon de 1870 avec la reproduction de Bracquemond tenant un flacon d'eau-forte d'après lui-même, il obtient une deuxième médaille. En 1870, Paul Rajon donnera, en particulier, L'Amour platonique d'après Eduardo Zamacoïs et de nombreuses gravures pour le catalogue Demidoff : Le Serment de Vargas d'après Louis Gallait, et d'après Jean-Baptiste Greuze : La Jeune fille en prièreLa SupplianteBacchante à l'amphoreLa Pudeur et Bacchante. En 1870 débute aussi une collaboration avec Le Musée universel, publication d'Édouard Lièvre. Paul Rajon demeure alors au 57, boulevard du Montparnasse, près de chez Léopold Flameng qui habite au 25.

Lors de la guerre franco-prussienne de 1870, Paul Rajon s'engage au sein des tirailleurs de la Seine. Dans La Presse du 22 novembre 1880, un article intitulé « Souvenirs d'ambulance » situe le cadre : « […] au commencement de décembre 1870 […] temps sombre, froid […] le siège […] » Rajon, qui n'était pas encore le grand aquafortiste, avait un grade quelconque dans les francs-tireurs annexés aux compagnies de marche. Il venait quelquefois pour se reposer à l'ambulance du faubourg Saint-Germain. La Gazette des Beaux-Arts du 1er décembre 1871, dans un article « Les arts et les musées pendant le siège » rappelle que les bataillons de marche de la Garde nationale comptaient beaucoup d'artistes. Rajon faisait partie du bataillon des tirailleurs de la Seine qui combattaient à La Malmaison.

En 1873, Paul Rajon grave L'Alsace d'après Jean-Jacques Henner pour L'offrande aux Alsaciens et aux Lorrains éditée par la Société des gens de lettres, dont le produit des ventes est exclusivement destiné à secourir les Alsaciens et Lorrains.

Au printemps 1872, des eaux-fortes de Rajon font partie de la vente de la galerie de la famille Pereire au 26, boulevard des Italiens. La même année, Philip Gilbert Hamerton, critique d'art, écrivain et fondateur du mensuel d'art Portfolio, personnalité très influente dans le monde de la peinture en Angleterre, propose à Félix Bracquemond une collaboration nécessitant une présence prolongée à Londres[4]. Ayant des engagements par ailleurs, il doit décliner l'offre et recommande Rajon qui part pour Londres où il retrouve Alfred-Louis Brunet-Debaines et Charles Waltner, grand prix de Rome en 1868, qui collaboraient déjà avec P. G. Hamerton pour The Portfolio et reproduisent des œuvres à la National Gallery[7]. En Angleterre, les collectionneurs d'estampes sont alors beaucoup plus nombreux qu'en France[1]. Désormais, Paul Rajon séjournera de nombreux mois par an à Londres, contribuant à la renommée des ateliers de gravures de Paris[21], jouissant d'une grande réputation auprès des critiques et des amateurs, surtout après ses portraits de Charles Darwin d'après Walter William Ouless, de Suzanna Rose d'après Frederick Sandys et de John Stuart Mill d'après George Frederic Watts[4],[7] qui lui assurèrent ses premiers succès financiers.

En 1873, la Gazette des beaux-artsL'Art et la Maison Goupil poussent de toute leur influence le développement de l'intérêt pour la gravure[4],[1],[11],[22], aidés par les maîtres aquafortistes Gaucherel, Flameng, etc. qui enrichissent les catalogues de l'hôtel Drouot[17]. Dans ce contexte favorable, Paul Rajon est présent dans les principales ventes de la saison 1873, dont la collection Papin et obtient une 2e médaille au Salon de Paris[13],[22] et une médaille à l'Exposition universelle de Vienne[23],[14]. Fin 1873, il fait don d'épreuves inédites au département des estampes de la Bibliothèque nationale de France[19].

Paul Rajon, Portrait de Félix Bracquemond (1878), eau-forte d'après l'autoportrait de Bracquemond.

De 1873 à 1878, Paul Rajon continue à passer la moitié de l'année à Londres[3],[1] où Portfolio publie ses œuvres, collabore avec La Gazette des Beaux-Arts et L'Art, expose aux Salons[15] et obtient une médaille de seconde classe à l'Exposition universelle de Paris en 1878[4],[1],[11],[7],[12],[13]. Ses principales œuvres de cette période sont : Salomé d'après Henri RegnaultPortrait de dame âgée de Rembrandt, La Finette et L'Indifférent d'Antoine WatteauMadame Pasca d'après Léon Bonnat, etc. Selon Robert J. Wickenden[7], Paul Rajon gagne, en cette fin de décennie 1870, 40 000 à 50 000 francs par an.

Pour se rapprocher de son ami Karl Daubigny[11], Paul Rajon achète pour environ 100 000 francs[3],[7], en 1877, à Auvers-sur-Oise au 30, rue Moncel[24], un terrain de 5 300 m2 surplombant la vallée de l'Oise où il fit aménager un chalet. Sa sœur Marguerite y meurt le 26 septembre 1878. Paul Rajon assurera désormais, outre l'entretien de sa dispendieuse mère, la charge de sa nièce de 20 ans, Joséphine Meurisse dont le père photographe ne s'occupait guère. Paul Rajon fit aussi l'acquisition d'un cheval, ce qui le fera considérer comme un « poseur » par le monde parisien de l'art[réf. nécessaire].

Vers la fin de la décennie 1870, Paul Rajon noue des relations avec l'éditeur new-yorkais Frederic Keppel[4],[11] qui lui ouvre le marché américain. De son premier voyage à New-York en 1880, il ramène plusieurs commandes s'ajoutant à ses engagements pour Londres et Paris où continuaient ses collaborations avec la Gazette des Beaux-Arts et l'éditeur Alphonse Lemerre qui lui demandait régulièrement une ou plusieurs illustrations pour ses éditions d’œuvres complètes ou de livres sur des écrivains célèbres : Sully PrudhommeJules et Edmond de Goncourt (en duo avec Boilvin), Joséphin SoularyAlexandre DumasRacineVerlaineFrançois Coppée, etc.[15] et Plon pour lequel il avait gravé des portraits de Théophile Gautier pour le livre de Ernest Feydeau[19],[25], de Camille Desmoulins pour l'étude de Jules Claretie sur le groupe des dantonistes[19],[26], de Shakespeare pour la traduction en vers de ses chefs-d'œuvre en 1876[19],[27].

Les salons ne couronnant plus ses travaux et « n'étant pas d'un naturel chasseur de récompenses et de croix » (verbatim de Charles Steinheil[réf. nécessaire]), Paul Rajon n'exposa plus au Salon de Paris après 1881[4],[1].

La presse rapporte, au début de l'année 1881, l'affaire du Rouget de Lisle chantant la Marseillaise d'Isidore Pils. Son tableau avait été acheté par l'État en 1849 pour 1 800 francs alors que l'administration des Beaux-Arts venait d'en commander une reproduction à Rajon pour 15 000 francs. L'écart entre l'original et une copie émut d'autant que s'ajoutaient alors des problèmes de droits de reproduction. La commande fut suspendue, les questions s'oublièrent, puis Paul Rajon livra la commande en 1874 pour le prix prévu.

Paul Rajon fut convié à l'exposition inaugurale de la Society of etchers (« Société des aquafortistes ») de Philadelphie en 1882, exposait à New-York[7],[28], à Dundee aux Fine Arts, à Londres au Royal Academy exhibition, à la National Portrait Gallery à la Dowdeswell Gallery (1883)[14],[29],[28], dans des musées français : Saintes, Honfleur, Metz (La Kermesse flamande acquise en 1874[30]), etc. ; ses œuvres étaient en vente au musée du Louvre, à la National Gallery de Londres et à l'hôtel Drouot. Même un périodique peu versé dans la gravure comme Le Journal des Haras annonce le 1er janvier 1885 la sortie chez Alphonse Lemerre du tome II des Poésies de François Coppée avec illustration de Rajon.

Son dernier portrait d'une personnalité américaine est celui de Frances Folsom Cleveland, épouse du nouveau président des États-Unis élu le 22 juin 1886. Peu après son retour d'un fructueux voyage aux États-Unis, Paul Rajon meurt d'une pneumonie à son domicile d'Auvers-sur-Oise le 7 juin 1888[4],[1],[14].Paul Adolphe Rajon né le 2 juillet 1843 à Dijon (Côte-d'Or)[1],[2] et mort le 7 juin 1888 à Auvers-sur-Oise (Val-d'Oise) est un peintre et graveur français.

Biographie

Paul Adolphe Rajon est le fils de Jean Marie Rajon, coiffeur alors âgé de 53 ans[3],[4],[1], qui s'était remarié à Dijon le 25 avril 1837[5] avec Caroline Jaugey, fille de boutique de 22 ans. De cette union naissent Marguerite en 1839, Charles Henri en 1840 et Paul Adolphe en 1843.

Il commence à travailler en 1857 comme retoucheur de portraits et clichés[3],[4],[6],[7] chez un photographe à Metz, Pierre Joseph Meurisse, époux de sa sœur Marguerite. En 1859-1860, tout en continuant les retouches, il suit, à l'école municipale de dessin de Metz, les cours d'Auguste Migette[8],[7] où il se lie d'amitié avec un autre élève Émile Boilvin. En 1862, il y obtient un prix d'excellence.

En 1862, ayant économisé 40 à 50 francs, il part à Paris souhaitant y poursuivre son métier de retoucheur et approfondir ses études de peinture[4],[8],[6],[7] et s'installe au 4, rue de la Madeleine[9]. Paul Rajon et Émile Boilvin s'inscrivent à l'École des beaux-arts de Paris[10] dont ils fréquentèrent l'atelier d'Isidore Pils[4],[8],[11],[7],[12],[13]. Paul Rajon y restera peu de temps[3],[1], mais fait des rencontres qui déterminèrent sa vie artistique : Léopold Flameng[3],[1],[7],[12]Félix Bracquemond[4],[7] et Léon Gaucherel[11],[7],[12], tous trois graveurs. Rajon apprend ainsi la gravure suivant les conseils de l'un et l'autre de ces maîtres. Il fait aussi la connaissance de Philippe Burtycritique d'art influent, promoteur de l'estampe et de l'eau-forte, collaborateur de la Gazette des beaux-arts[8], qui lui commande en 1868 une gravure pour le recueil Sonnets et eaux-fortes.

Quoique deux sources[7],[12] mentionnent que Paul Rajon participa au Salon de 1865 avec un portrait de femme à la craie, celui-ci avait commencé, essentiellement à cause de ses faibles ressources[6], à pratiquer l'eau-forte en copiant des œuvres sans prendre le temps d'étudier vraiment l'histoire de la gravure ou courir les bibliothèques et musées pour enrichir ses connaissances. Henri Béraldi écrira de Paul Rajon : « aucune étude ni maître[4] ».

Émile BoilvinPortrait de Paul Rajon (1867), gravure, New YorkMetropolitan Museum of Art.

Dès 1867, sa collaboration avec la Gazette des Beaux-Arts fait connaître quelques bois gravés d'après Géricault et une eau-forte d'après le Rembrandt de Jean-Léon GérômeAdolphe Goupil, marchand de tableaux et éditeur d'art achète aussitôt les planches faites par Paul Rajon pour les diffuser aux amateurs[14]. Jean-Léon Gérome, qui était l'époux de Marie, la fille de Goupil, apprécie le travail de Rajon et lui propose de choisir cinq autres de ses compositions pour commencer un album[14].

Paul Rajon est présent au Salon de 1868 avec des gravures d'œuvres de Gérome : Rembrandt gravant dans son atelierLe MuezzinLe Corps de garde d'Arnautes au Caire ainsi que Le Printemps de Charles Marchal[4],[1],[7],[12],[15], toutes imprimées par Goupil et louangées par Burty[7]. Ses autres gravures remarquées des années 1868-1869 sont : Jeunes grecs à la mosquéeLe Hache-paille égyptien et Le Duel après le bal d'après Gérome, Le Liseur et Le Peintre d'après Ernest Meissonier, exécutées pour Goupil, ainsi que La Lecture de la bible et Le Mariage protestant en Alsace d'après Gustave Brion publiées par La Gazette des Beaux-Arts. Les gravures d'après Meissonier et Brion et La Querelle apaisée de Benjamin Vauthier seront exposées au Salon de 1869 où Rajon sera récompensé d'une médaille[1],[6],[16],[13]. Paul Rajon a également gravé d'après Meissonier Monsieur PolichinelleLe Liseur (la tête sur la main)Le GraveurLe Fils du peintre Meissonier en costume Louis XIII[16].

De nouveau exposé au Salon de 1870 avec la reproduction de Bracquemond tenant un flacon d'eau-forte d'après lui-même, il obtient une deuxième médaille[12],[17],[13]. En 1870, Paul Rajon donnera, en particulier, L'Amour platonique d'après Eduardo Zamacoïs[17] et de nombreuses gravures pour le catalogue Demidoff : Le Serment de Vargas d'après Louis Gallait, et d'après Jean-Baptiste Greuze : La Jeune fille en prièreLa SupplianteBacchante à l'amphoreLa Pudeur et Bacchante. En 1870 débute aussi une collaboration avec Le Musée universel, publication d'Édouard Lièvre[17]. Paul Rajon demeure alors au 57, boulevard du Montparnasse, près de chez Léopold Flameng qui habite au 25[18].

Lors de la guerre franco-prussienne de 1870, Paul Rajon s'engage au sein des tirailleurs de la Seine. Dans La Presse du 22 novembre 1880, un article intitulé « Souvenirs d'ambulance » situe le cadre : « […] au commencement de décembre 1870 […] temps sombre, froid […] le siège […] » Rajon, qui n'était pas encore le grand aquafortiste, avait un grade quelconque dans les francs-tireurs annexés aux compagnies de marche. Il venait quelquefois pour se reposer à l'ambulance du faubourg Saint-Germain. La Gazette des Beaux-Arts du 1er décembre 1871, dans un article « Les arts et les musées pendant le siège » rappelle que les bataillons de marche de la Garde nationale comptaient beaucoup d'artistes. Rajon faisait partie du bataillon des tirailleurs de la Seine qui combattaient à La Malmaison.

En 1873, Paul Rajon grave L'Alsace d'après Jean-Jacques Henner pour L'offrande aux Alsaciens et aux Lorrains éditée par la Société des gens de lettres, dont le produit des ventes est exclusivement destiné à secourir les Alsaciens et Lorrains[19],[20].

Au printemps 1872, des eaux-fortes de Rajon font partie de la vente de la galerie de la famille Pereire au 26, boulevard des Italiens. La même année, Philip Gilbert Hamerton, critique d'art, écrivain et fondateur du mensuel d'art Portfolio, personnalité très influente dans le monde de la peinture en Angleterre, propose à Félix Bracquemond une collaboration nécessitant une présence prolongée à Londres[4]. Ayant des engagements par ailleurs, il doit décliner l'offre et recommande Rajon qui part pour Londres où il retrouve Alfred-Louis Brunet-Debaines et Charles Waltner, grand prix de Rome en 1868, qui collaboraient déjà avec P. G. Hamerton pour The Portfolio et reproduisent des œuvres à la National Gallery[7]. En Angleterre, les collectionneurs d'estampes sont alors beaucoup plus nombreux qu'en France[1]. Désormais, Paul Rajon séjournera de nombreux mois par an à Londres, contribuant à la renommée des ateliers de gravures de Paris[21], jouissant d'une grande réputation auprès des critiques et des amateurs, surtout après ses portraits de Charles Darwin d'après Walter William Ouless, de Suzanna Rose d'après Frederick Sandys et de John Stuart Mill d'après George Frederic Watts[4],[7] qui lui assurèrent ses premiers succès financiers.

En 1873, la Gazette des beaux-artsL'Art et la Maison Goupil poussent de toute leur influence le développement de l'intérêt pour la gravure[4],[1],[11],[22], aidés par les maîtres aquafortistes Gaucherel, Flameng, etc. qui enrichissent les catalogues de l'hôtel Drouot[17]. Dans ce contexte favorable, Paul Rajon est présent dans les principales ventes de la saison 1873, dont la collection Papin et obtient une 2e médaille au Salon de Paris[13],[22] et une médaille à l'Exposition universelle de Vienne[23],[14]. Fin 1873, il fait don d'épreuves inédites au département des estampes de la Bibliothèque nationale de France[19].

Paul Rajon, Portrait de Félix Bracquemond (1878), eau-forte d'après l'autoportrait de Bracquemond.

De 1873 à 1878, Paul Rajon continue à passer la moitié de l'année à Londres[3],[1] où Portfolio publie ses œuvres, collabore avec La Gazette des Beaux-Arts et L'Art, expose aux Salons[15] et obtient une médaille de seconde classe à l'Exposition universelle de Paris en 1878[4],[1],[11],[7],[12],[13]. Ses principales œuvres de cette période sont : Salomé d'après Henri RegnaultPortrait de dame âgée de Rembrandt, La Finette et L'Indifférent d'Antoine WatteauMadame Pasca d'après Léon Bonnat, etc. Selon Robert J. Wickenden[7], Paul Rajon gagne, en cette fin de décennie 1870, 40 000 à 50 000 francs par an.

Pour se rapprocher de son ami Karl Daubigny[11], Paul Rajon achète pour environ 100 000 francs[3],[7], en 1877, à Auvers-sur-Oise au 30, rue Moncel[24], un terrain de 5 300 m2 surplombant la vallée de l'Oise où il fit aménager un chalet. Sa sœur Marguerite y meurt le 26 septembre 1878. Paul Rajon assurera désormais, outre l'entretien de sa dispendieuse mère, la charge de sa nièce de 20 ans, Joséphine Meurisse dont le père photographe ne s'occupait guère. Paul Rajon fit aussi l'acquisition d'un cheval, ce qui le fera considérer comme un « poseur » par le monde parisien de l'art[réf. nécessaire].

Vers la fin de la décennie 1870, Paul Rajon noue des relations avec l'éditeur new-yorkais Frederic Keppel[4],[11] qui lui ouvre le marché américain. De son premier voyage à New-York en 1880, il ramène plusieurs commandes s'ajoutant à ses engagements pour Londres et Paris où continuaient ses collaborations avec la Gazette des Beaux-Arts et l'éditeur Alphonse Lemerre qui lui demandait régulièrement une ou plusieurs illustrations pour ses éditions d’œuvres complètes ou de livres sur des écrivains célèbres : Sully PrudhommeJules et Edmond de Goncourt (en duo avec Boilvin), Joséphin SoularyAlexandre DumasRacineVerlaineFrançois Coppée, etc.[15] et Plon pour lequel il avait gravé des portraits de Théophile Gautier pour le livre de Ernest Feydeau[19],[25], de Camille Desmoulins pour l'étude de Jules Claretie sur le groupe des dantonistes[19],[26], de Shakespeare pour la traduction en vers de ses chefs-d'œuvre en 1876[19],[27].

Les salons ne couronnant plus ses travaux et « n'étant pas d'un naturel chasseur de récompenses et de croix » (verbatim de Charles Steinheil[réf. nécessaire]), Paul Rajon n'exposa plus au Salon de Paris après 1881[4],[1].

La presse rapporte, au début de l'année 1881, l'affaire du Rouget de Lisle chantant la Marseillaise d'Isidore Pils. Son tableau avait été acheté par l'État en 1849 pour 1 800 francs alors que l'administration des Beaux-Arts venait d'en commander une reproduction à Rajon pour 15 000 francs. L'écart entre l'original et une copie émut d'autant que s'ajoutaient alors des problèmes de droits de reproduction. La commande fut suspendue, les questions s'oublièrent, puis Paul Rajon livra la commande en 1874 pour le prix prévu.

Paul Rajon fut convié à l'exposition inaugurale de la Society of etchers (« Société des aquafortistes ») de Philadelphie en 1882, exposait à New-York[7],[28], à Dundee aux Fine Arts, à Londres au Royal Academy exhibition, à la National Portrait Gallery à la Dowdeswell Gallery (1883)[14],[29],[28], dans des musées français : Saintes, Honfleur, Metz (La Kermesse flamande acquise en 1874[30]), etc. ; ses œuvres étaient en vente au musée du Louvre, à la National Gallery de Londres et à l'hôtel Drouot. Même un périodique peu versé dans la gravure comme Le Journal des Haras annonce le 1er janvier 1885 la sortie chez Alphonse Lemerre du tome II des Poésies de François Coppée avec illustration de Rajon.

Son dernier portrait d'une personnalité américaine est celui de Frances Folsom Cleveland, épouse du nouveau président des États-Unis élu le 22 juin 1886. Peu après son retour d'un fructueux voyage aux États-Unis, Paul Rajon meurt d'une pneumonie à son domicile d'Auvers-sur-Oise le 7 juin 1888[4],[1],[14].

Catégorie: