Simone PROUVÉ
Simone PROUVÉ
Ville:
Cette artiste, fille de Jean PROUVÉ est née en 1931 à Nancy.
Elle est créatrice d'œuvres abstraites qui tiennent lieu de revêtement mural, de cloisons et même de stores. Le travail de tissage de Simone Prouvé avec des fils en inox et de la fibre de verre, est étonnant et totalement inédit. La matière est surprenante, indéfinissable.
Les larges panneaux qui contituent les œuvres de Simone Prouvé relèvent bien de la tapisserie, par contre, c’est du fil inox, parfois pas plus épais qu’un cheveu, qui est tissé. « J’ai toujours voulu tisser, cela remonte à mon enfance », raconte-t-elle. C’est son père, Jean Prouvé, qui lui fait réaliser son premier métier à tisser. Elle quittera Nancy dans les années cinquante pour approfondir ses connaissances du tissage chez Alice Lund, en Suède, puis chez Dora Jung en Finlande. Alors que Simone Prouvé se lance dans la fabrication de textiles pour ameublement, elle se trouve rapidement confontrée à la question de l’ignifugation de ses tissus. Plusieurs matériaux sont alors testés, à commencer par la fibre de verre, car les sels du traitement d’ignifugation avaient tendance à jaunir les fils de coton. A la fin des années quatre vingt dix, cette artiste qui se désigne comme « artisan », s’investit complètement sur les matériaux résistant au feu.
Simone Prouvé découvre alors le fil inox dont la première application est, à l’époque, purement industrielle. « La matière est contraignante à travailler », se souvient Simone Prouvé, « je mélange et j’y intègre des fils synthétiques non inflammables de couleur pour réaliser les œuvres. » Il s’agit de panneaux, dont certains sont entièrement constitués de fils inox, montés sur des châssis métalliques ou enroulés autour d’un axe pour se dérouler comme un store. Leur texture est inédite et lorqu’ils sont placés devant une fenêtre, le paysage qui transparaît fait partie intégrante de la création. « L’idéal pour moi est de pouvoir être associé en amont dans le projet d’architecture », raconte Simone Prouvé. De fait, elle a travailé avec une multitude d’architectes entre autres Claude Parent à Prague ou Christian de Portzamparc à Paris. Parmi les références récentes figurent le tout nouveau musée Matisse de Le Cateau Cambresis, près de Cambrai, réalisé par les architectes nancéiens Emmanuelle et Laurent Beaudouin et le musée André Malraux du Havre auquel avait activement participé Jean Prouvé dans les années soixante. En travaillant le fil inox, Simone Prouvé rejoint aussi, à sa manière, la démarche du père qui, on le sait, vouait une véritable passion pour le métal. « Je pense souvent à lui », dit-elle en souriant, "j’imagine comme il aurait été intéressé par les applications du fil d’inox dans la construction. »
MetalFlash n°54
Quand le métal devient fil, Simone Prouvé le tisse
Simone Prouvé travaille la fibre d’acier comme elle tisserait le lin. Unique. Sa fibre est artistique autant qu’elle est d’inox. Simone Prouvé, septuagénaire aux cheveux gris acier, tisse les fils métalliques. Sur son métier en bois naissent d’étonnants panneaux, stores originaux ou cloisons sur rails. Des travaux souples qui ne s’enflamment pas en cas d’incendie. « Je travaille avec les architectes pour la décoration de leurs ouvrages. Les normes anti-feu sont draconiennes. C‘est pour cela que j’ai aimé ces fils d’inox qui ne brûlent pas ». Au toucher, le fil ressemble à une fibre « traditionnelle en plus nerveux », démontre l’artisane en laissant le fil s’entortiller sur lui-même. Les mailles d’inox, irisées par la lumière, se parent de paysages en filigrane. Le tout jour sur des dégradés de transparence. Simone est née Prouvé, « graine de Jean », constructeur, architecte, designer et amoureux de l’acier. « J’ai été formée à l’école de l’art sans l’avoir fréquentée ». Elle part apprendre à tisser en Suède. 1962 marque le début de sa collaboration artistique et amoureuse avec André Schlosser. Puis, première bobine d’inox déroulée en 1994, premier chantier à Prague en 1996. Depuis, elle a décoré la préfecture de Paris et le musée Matisse du Cateau-Cambrésis. D’une main d’acier.
Samedi 30 Novembre 2002
Le Parisien
Tapisseries d’inox
Simone Prouvé a installé un de ses larges panneaux tissés devant la baie vitrée de la cafétéria du Louvre et André-Malraux, au Havre, dont son père Jean Prouvé avait conçu le « paralume » en 1960. La trame de la tapisserie tendue devant le paysage portuaire capte la réflexion moirée de la lumière.
Formée dès les années 1950 chez Alice Lund en Suède puis chez Dora Jung en Finlande, cette création textile confirmée qui commença par habiller les banquettes de Charlottes Perriand, intervient aux côtés de différents architectes : Claude Parent à Prague, la japonaise Hayama pour un club house de golf en France, Christian de Portzamparc pour l’extension du musée Bourdelle. Ses derniers tissages consacrent les matériaux dérivés de l’inox et du verre dont l’imputrescibilité et la résistance au feu viennent enrichir les propriétés plastiques. Travaillées sur des métiers traditionnels, ces œuvres intègrent de la fibre optique ou de la couleur pour offrir des cosmogonies imaginaires qui, subtilement superposées à la forme architecturale, transforment en filigrane leurs paysages.
Décembre 1999
A.J.