La dame au manchon - Portrait présumé de Lucile Desmoulins (1770/1794)

img_abonnes_only2.jpg

Technique:

Lot n° 64
29,8cmx22,6cm

PROVENANCE

Provient de la collection Feuillet de Borsat, porte le cachet de la collection Maurice Feuillet (1873 - 1968) en bas à droite (Lugt.1864).

 

BIBLIOGRAPHIE

E. BASILY-CALLIMAKI, Jean-Baptiste Isabey. Sa vie, son temps, 1767-1855, Paris, Frazier-Soye, 1909, p. 8 (ill.).

 

En 1789, Jean-Baptiste Isabey est dans l'atelier de Jacques-Louis David (1748 - 1825) depuis trois ans après avoir débuté sa formation à Nancy. Déjà, il remporte une série de petits concours à l'Ecole des Beaux-Arts où il étudie en parallèle, démontrant une connaissance pointue de l'anatomie et une faculté certaine à traiter le réel. Lorsque son père décède au cours ces années d'atelier, il se retrouve dans une situation financière délicate. A ce moment, il se tourne alors vers la production de miniatures et travaille aux décors de petites tabatières pour se nourrir. Là, il développe encore davantage son acuité à la représentation fine des traits de ses modèles, se faisant portraitiste talentueux qui rencontre bientôt un succès immense et le porte bien au-delà des troubles révolutionnaires.

 

Dans notre dessin, tout l'art du jeune portraitiste est là. Influencé par son maître David, nous retrouvons le fond en partie bouché, les traits fins et précis, une forme de vibration. Il manie avec habileté ses matériaux, donnant vie à la jeune femme qu'il rehausse de touches ponctuelles de blanc sur le cerne inférieur de l'oeil, au coin du nez, aux commissures des lèvres rendues brillantes par une touche finale sur la partie inférieure. Il avive ainsi les vêtements et joue avec les textures des tissus fins qu'il fait briller, du manchon de fourrure mat, duveteux, refuge chaleureux pour les mains du modèle.

Tout en subtilité expressive et en finesse de composition, la dame au manchon annonce la virtuosité grandissante de l'artiste qui excellera dans le genre du portrait.

Le musée Cognacq-Jay conserve aujourd'hui une miniature reprenant exactement notre modèle et sa pose (Fig. 1). Tour à tour attribuée à Joseph-Siffred Duplessis (1725 - 1802) puis à sa fille Lucile Duplessis (1770/1794), future épouse de Camille Desmoulins, l'idée même qu'elle soit le modèle fut avancée. Trop éloigné des portraits connus de Lucile, l'idée est vite abandonnée et l'attribution de la miniature va aujourd'hui à Louis-Léopold Boilly (1761 - 1845).

Il est par ailleurs intéressant de noter que notre dessin est passé par la collection Feuillet de Borsat, du nom de Maurice Feuillet (1873 - 1968) et Pauline de Borsat, grands bienfaiteurs de la ville de Marseille à laquelle ils léguèrent une partie importante de leur collection visible aujourd'hui au musée des Arts Décoratifs, de la Faïence et de la Mode.