Lampe « Chauve-souris au crépuscule »
Technique:
Lot n° 71
A structure en bronze patiné doré nuancé à décor de feuilles et d’escargot. Abat-jour en verre multicouche noir violet sur fond orange et jaune. Décor de trois chauve-souris en vol autour d’un croissant de lune entièrement taillé à la roue sur fond légèrement martelé à petites facettes formant les nuages. Signée dans le décor (une vis d’origine manquante tenant l’abat-jour, une vis rapporté en renfort). Haut. 32 cm
Bibliographie : - Alastair Duncan & Georges de Bartha, Glass by Gallé, Harry N. Abrams, New York, 1984, modèle similaire référencé sous le n°252 et reproduit p. 172. - François Le Tacon, L’œuvre de verre d’Emile Gallé, Editions Messene, Paris, 1998, modèle similaire référencé sous le n°127 reproduit p. 160 et p. 187. - Alastair Duncan & Georges de Bartha, Gallé Lamps, Antique Collectors’ Club, Woodbridge, 2014, modèle similaire référencé et reproduit p. 32 sous le n°3.14, p. 72 et 79.
Pièce visible à Paris jusqu'au 23 octobre, sur rendez-vous, chez l’expert Madame Amélie Marcilhac, 5 rue de Nesle, 75006 Paris -
LES CHAUVES-SOURIS D’EMILE GALLE Maitre verrier incontestable, le nancéen Emile Gallé (1846-1904) s’est également illustré dans le domaine de la céramique et de l’ébénisterie tout au long de sa carrière, lui permettant de travailler des matières différentes et d’explorer au plus profond chacune d’entre elles. Récompensé dès 1878 pour son verre dit clair-de-lune, il n’aura de cesse d’affiner sa technicité et ses travaux au service du verre réalisant la majorité du temps des vases ou des coupes qui ont un franc succès et sont à chaque exposition salués par les nombreuses critiques. Bien plus rares sont ses verreries d’éclairage, des modèles uniques aux prouesses techniques tout aussi remarquables et dont la transparence soulignée par l’éclairage avive les convoitises des collectionneurs. Les toutes premières créations lumineuses apparaissent à la fin des années 1880 avec ses lampes de mosquée mais peu de pièces sont créées. Emile Gallé était-il sceptique quant à la pérennité technique et commerciale de l’électricité ? Il est possible également que la faible lueur produite par les premières ampoules à incandescence n’ait pas convaincu le maître verrier de leur capacité à mettre en valeur la transparence et la subtilité de ses créations. C’est en 1899 qu’il créé sa première lampe électrique . Il présente ensuite quelques luminaires lors de l’Exposition Universelle à Paris en 1900 mais c’est véritablement en 1902 qu’il s’applique à créer de nombreux modèles, allant même jusqu’à en doter La Garenne, la demeure familiale, pour le mariage de sa fille Thérèse. Ses créations sont marquées par des lignes organiques alliant à la fois un réalisme naturaliste à une délicatesse empreinte de poésie. En botaniste méticuleux, il s’emploie à souffler en verre des lampes coprins, ombelles ou encore coloquintes, qui deviennent des sculptures lumineuses à part entière entre ses mains qu’elles soient posées sur une table ou accrochées au mur. Certaines pièces sont également inspirées de la faune, comme en témoigne notre modèle aux chauves-souris, qui révèle une facette plus symboliste et énigmatique de son œuvre. Cet animal, traditionnellement perçu en Occident comme un être inquiétant voire diabolique par sa nature hybride et ses mœurs nocturnes, devient un motif décoratif très prisé des artistes de l’époque. Cette vogue s’explique par un contexte de redécouverte en Europe de la culture japonaise où la chauve-souris est symbole de bonne fortune et par la diffusion d’estampes, comme celles d’Ohara Koson, dont les lignes d’une grande pureté soulignent la silhouette gracieuse de l’animal se découpant sur la pleine lune. Réhabilitée, cette bête fascinante à la forte charge onirique se décline alors sous toutes les formes, du décor d’une coupe d’Henri Husson aux bijoux conçus par René Lalique pour Nathalie Clifford Barney en passant par le buste encrier de Sarah Bernhardt où l’artiste se représente elle-même affublée d’ailes de chiroptère . Emile Gallé n’échappe pas à cette influence du japonisme et met en scène, avec l’aide de son chef d’atelier Louis Hestaux, l’animal en plein vol par le biais de dessins et poncifs qu’il transcrit ensuite sur des vases et des luminaires...
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- GALLÉ Emile