A partir de 1738, la petite ville vosgienne de Rambervillers est entrée dans le monde de la faïence par la création, cette année là, d'une manufacture dont l'activité perdurera jusqu'en 1866.
Avec cette soupière, nous sommes bien dans le style du XVIIIème siècle :
C'est dans cette même ville, nous sommes en 1903, un ingénieur auvergnat, directeur d'une fabrique locale de tuyaux en grès vernissé servant au transport souterrain des eaux , Alphonse CYTERE, souhaite diversifier sa production.
Dans ce début du XXème siècle, nous voici deux années après la création, par Emile GALLÉ associé à Louis MAJORELLE, Antonin DAUM et Eugène VALLIN, de l'association dite de "l'Ecole de NANCY".
Après la défaite de 1870, avec le rattachement de l'Alsace-Moselle à l'Empire Allemand, tous les courants artistiques de ces régions annexées se sont regroupés avec les meurthe et mosellans, meusiens et vosgiens à Nancy.
Les verriers, sculpteurs, ébénistes, faïenciers, céramistes, peintres, graveurs se sont unis au sein de cette association et rien de plus normal qu'Alphonse CYTERE se soit tourné vers eux pour dessiner des modèles qui seront produits en série dans ses ateliers.
On pourra citer parmi les créateurs associés, Louis MAJORELLE, Jacques GRUBER,, Charles VIRION, Charles CATTEAU, René JEANDELLE, Robert SERRURIER ou encore Alfred FINOT, Eugène GATELET et bien d'autres.
Les nancéiens, connaisseurs de la "Piscine Ronde" du futur Centre Thermal (qui va ouvrir ses portes aux curistes courant 2023), connaissent bien la décoration de ce bassin, créée par la Faïencerie de Rambervillers au début du XXème siècle.
De nos jours, en dépit d'une production devenue insignifiante, la ville garde en mémoire son patrimoine industriel grâce à son "Musée de la Terre et de la Céramique".
En 2012, une exposition consacrée aux Faïences de Rambervillers (1738-1866) s'est déroulée dans ce musée et un ouvrage parfaitement documenté par Francine BERTRAND sur "Les grès flammés de Rambervillers, Art Nouveau dans les Vosges" avait été publié à Epinal en 1997.
Les amateurs vont pouvoir retrouver une bonne partie de la production des ateliers d'Alphonse CYTERE lors d'une exceptionnelle vente que Maître MARQUIS dans sa salle spinalienne, va organiser le 11 mars prochain.
On y trouvera des pièces rares dont certaines inconnues des biographes.
Citons ainsi ce "Vide-poche à la femme marchant", une épreuve dessinée par Alfred FINOT que nous faisons figurer en frontispice de cet article.
Au milieu de ces 191 lots proposés à la vente, quelques pièces de très grande qualité qu' Artlorrain.com a choisi de présenter. En voici quelques exemplaires, parfois des pièces uniques ou de la plus grande rareté :
Cette "Jardinière Art Nouveau grand modèle" estimée entre 1200 et 1600 euros
Cette sculpture en grès "Singe à la banane" créée par Georges GUYOT
"Elégante au chapeau" une pièce inconnue des catalogues de la manufacture et estimée entre 3000 et 4000 euros
Ce "Vase Iris Art Nouveau" une pièce unique inconnue des spécialistes
Un "Marabout au monocle" une création tout aussi rare
Une œuvre de René JEANDELLE, un encrier, "La source"
Une extraordinaire création de Pierre CLAUDIN, un vase "L'Enfant Prodigue", une pièce unique, estimée entre 8000 et 14 000 euros. Il s'agit là de la pièce phare de cette vente.
Terminons, enfin par une autre création du sculpteur René JEANDELLE avec cette "Femme endormie", une forme créée en 1906 estimée entre 2500 et 3500 euros
Sur la fiche d'Alphonse CYTERE créée par Artlorrain.com, vous trouverez, en choix arbitraire, 26 lots exposés, de belles découvertes pourront cependant être faites lors de l'exposition de la vente le vendredi 10 mars et le samedi 11 au matin.
Rendez-vous donc, impérativement, à Epinal, 10 Avenue du Général de Gaulle.
Robert Leterrier