En 1984 et 1985, l'étude parisienne ADER-PICARD-TAJAN organisait en lien direct avec un grand hôtel de Tokyo plusieurs ventes exceptionnelles concernant les verreries de DAUM ou d'Emile GALLE. Les investisseurs japonais ayant répondu "présent", des enchères record ont alors été obtenues.
Pour un vase parlant d'Antonin DAUM : "L'ortie et l'araignée" il avait fallu débourser, le 15 mars 1984, l'équivalent de 299 131 euros.
Le 1er juin 1985, toujours à Tokyo un extraordinaire vase aux iris en marqueterie d'Emile GALLÉ était estimé 173 635 euros, sans que nous ayons pu en retrouver le résultat final.
Par de tels achats spéculatifs, le marché des oeuvres des artistes de l'Ecole de Nancy était alors tiré vers les sommets.
Puis la bulle spéculative japonaise ayant éclaté en 1997 avec une contraction brutale de l'économie de ce pays, les achats japonais ont été immédiatement interrompus avec un retentissement brutal sur les cours des verreries ou meubles de nos artistes nancéiens. Les prix se sont effondrés et il faudra au minimum deux décennies pour que le marché de ces oeuvres retrouvent un certain dynamisme.
En ce mois de novembre 2022, tout semble être presque rentré dans l'ordre et dans une salle de l'Hôtel Drouot, les commissaires priseurs de l'office parisien Millon vont procéder à la vente de quelques objets exceptionnels dont cet ensemble de mobilier de salon d'Emile GALLÉ que nous présentons en tête de cet article.
Nommé : " Mobilier de salon d’après les céréales, les coquelicots, la fleur de pomme de terre, le blé de mai." Il s'agit d'un modèle créé en 1898 et présenté à l'Exposition universelle de 1900.
Vous en trouverez le descriptif complet sur la fiche de l'artiste.
Cet ensemble est estimé entre 45 000 et 50 000 €
Toujours d'Emile GALLÉ on pourra trouver cette exceptionnelle coupe en verre multicouche à inclusions de poudres et d'oxydes métalliques intercalaires en strates mouvementées de couleurs vert et brun-ocré à la base, bleu-violet dégradé en partie centrale et jaune-vert en partie haute.
La coupe est décorée d'un arbre stylisé en marqueterie de plaquettes de verre, une pièce délicatement nervurée figurant le tronc tandis que d'autres partiellement irisées en dessinent les feuilles aux reflets moirés. Elle est nommée "La Nature" et est estimée entre 25 000 et 30 000 euros.
On pourra préférer ce vase très différent : "Magnolias et mante religieuse" en verre ambré et décor peint et émaillé polychrome. Il est estimé un peu plus modestement entre 10 000 et 12 000 euros
De Louis MAJORELLE, on trouvera cet exceptionnel guéridon mouluré et sculpté à deux plateaux circulaires superposés, créé entre 1903 et 1905.
Dénommé "Nénuphars", Il repose sur trois pieds d'angle courbes soulignés de feuilles et de fleurs de nénuphar en bronze doré formant colonnes végétales depuis le piétement et s'épanouissant en bordure du plateau supérieur.
Signé sous la base d'un tampon "Majorelle Décorateur R. de Provence Paris".
82 x 77 cm Il est estimé entre 40 000 et 60 000 euros
Dans cette vente figurent de magnifiques objets des créateurs qui ne sont pas lorrains tel Théodore DECK, Raoul LARCHE, Clément MASSIER, François-Emile DECORCHEMONT, Demeter CHIPARUS, Albert CHEURET ou Edgar BRANDT.
Il nous faut signaler la présence d'un autre lorrain en la personne de Jean PROUVE.
Ce bureau "Présidence n° 201" en tôle d'acier pliée, bois plaqué, acier inox et aluminium aux dimensions 75cmx247cmx147cm est estimé entre 300 000 et 400 000 euros.
Le marché de l' "Artlorrain" se porte décidément bien.
Robert LETERRIER