Entre 1896 et 1902, l'homme politique et grand dandy, Marie Ernest Paul Boniface, comte de Castellane-Novejean, puis marquis de Castellane, fait construire le "Palais Rose" avenue Foch à Paris.
La construction dura six ans. La façade sur l'avenue Foch était très directement inspirée du Grand Trianon, dont elle reprenait les baies en plein cintre, les pilastres de marbre rose, la balustrade dissimulant les toitures et jusqu'aux ferronneries. Le maître d'ouvrage avait poussé le souci du détail jusqu'à faire venir le marbre des carrières utilisées au xviie siècle par Louis XIV.
Parmi les éléments de grande décoration de cet extraordinaire demeure figuraient quatre médaillons en marbre du sculpteur lorrain Jean Paul AUBÉ (1837 - 1916).
Le 7 mars dernier, la Maison Christie's France organisait dans sa salle de l'Avenue Matignon de Paris une vente de quelques objets venant de ce temple du "bon goût" de cette fin du XIXème siècle. (Ce bâtiment a, hélas, été démoli au profit d'un immeuble "moderne").
Dans cette vente figuraient les études préparatoires de ces quatre médaillons en plâtre de grande dimension (66,5cmx55cm) que nous vous présentons en tête de cet article.
Sur une estimation de 12 000 à 18 000 euros ces médaillons étaient finalement adjugés pour 35 000 euros.
C'était en quelque sorte le point de départ d'un mois particulièrement riche en oeuvres créées par nos artistes lorrains.
En effet, Artlorrain.com a répertorié quatre cent quatre huiles, dessins, gravures ou sculptures offertes aux amateurs durant ce tout dernier mois hivernal.
Je vous présente une liste non exhaustive de quelques enchères bien représentatives de la production de nos artistes régionaux.
Louis MAJORELLE, comme Emile GALLÉ ou Jacques GRUBER, a produit des meubles de grande qualité aux marqueteries raffinées. Le 10, l'étude Kapandji-Morhange présentait ce cabinet intitulé "Les baigneuses" en acajou, palissandre, sapelli et bois fruitier. Là encore les estimationsde 15 à 20 000 euros étaient dépassées et il fallait investir 22 500 euros pour l'acquérir.
Plus proche de nous, Etienne COURNAULT (1891-1948), à la fois peintre, graveur mais aussi sculpteur, a tenté de multiples expérimentations techniques.
Le 29, l' Etude parisienne Millon et Associés mettait aux enchères ce "Poissons" un objet en verre églomisé. Rappellons que cette technique consiste à fixer une mince feuille d'argent ou d'or sous une plaque de verre. L'artiste grave ensuite son motif à la pointe-sèche, gravure maintenue par une seconde couche ou par une autre fine plaque de verre.
Là encore l'estimation de 1000 à 1500 euros était pulvérisée puisque les enchères grimpaient jusqu'à 13 000 euros.
Dans une autre technique et avec un sujet beaucoup plus classique, le peintre vosgien Xavier-Alphonse MONCHABLON (1835 - 1907) a beaucoup peint la noblesse et la grande bourgeoisie de la fin du XIXème siècle.
L'artiste était présent à Fontainebleau le 26 avec cette très grande huile sur toile :
"La Baronne de la Guéronnière entourée de ses filles" qui, elle aussi dépassait son estimation et était cédée pour 10 000 euros.
Francis GRUBER était présent au Salon d'Automne de 1931 avec cette gouache "La partie de pêche". Le 29, à Paris Drouot, l'étude Millon la vendait conformément à son estimation basse de 7 000 euros.
Avec une toute autre technique, cette fois-ci un lavis de sépia sur trait de crayon noir, Jean-Baptiste ISABEY a créé cette scène "Le tripot" venant de la collection de l'oncle de notre ami Antoine Delestre : Gaston Delestre grand amateur de dessins.
Le 22 chez Artcurial -Elysées à Paris, ce dessin obtenait la belle enchère de 5850 euros.
On sait que nos amis japonais sont très friants de l'art verrier des artistes de l'Ecole de Nancy. Ils ne sont pas les seuls !
Claude WEISBUCH est lui aussi très apprécié lors des ventes aux enchères organisées à Tokyo par la Maison Mainici Auction Inc.
Ainsi cet autoportrait de l'artiste a été très disputé et a été cédé pour 6127 euros
Peintre de marines, de fleurs, paysagiste, graveur mais aussi architecte, Alexis-Nicolas PERIGNON (1726-1782) voyait cette gouache "Vue du Jardin des Tuileries" exécutée en 1772 doubler son estimation de 4 000 euros pour entrer dans la collection d'un amateur pour 8 000 euros lors de la vente organisée par la Maison Sotheby's le 30..
Aprés ces belle enchères nous pouvons aussi évoquer des oeuvres d'artistes peut être moins renommés.
Ainsi, évoquons Alphonse BIRCK avec ce "Portrait de jeune berbère" cédé le 27 à Paris chez Maître Aguttes pour 1600 euros.
Jean-Baptiste CLAUDOT ce peintre de Badonviller a beaucoup peint la Lorraine dont ces deux huiles sur papier
"Vue de la Porte de la Craffe à Nancy" et "Vue de Nancy avec l'arrière de la Cathédrale" qui étaient cédées pour
3 000 euros le 24 par l'étude parisienne Tajan.
Un saut dans le temps avec Paul COLIN, ce génial affichiste dont cette gouache sur carton "Color and design" était appréciée aux Etats Unis à Dallas où un amateur investissait 2975 euros pour l'acquérir.
A Besançon, dans l'Hotel des Ventes des Chaprais on pouvait se porter acquéreur pour 600 euros pour cette huile sur toile du natif de Raon l'Etape Paul DESCELLES "Menuisier dans son atelier"
Théodore FANTIN-LATOUR né à Metz en 1805 a créé de très nombreux portraits de jeunes femmes au pastel. Ce "Portrait of a young woman holdind a rose" est très représentatif de son oeuvre. Il a été cédé le 24 en Angleterre par la Maison Burnt Common Auction Rooms de Send pour 462 euros.
Citons enfin de François-Nicolas FEYEN PERRIN cette huile sur toile "Dans les champs" partie le 29 pour
1375 euros chez Maitres Tessier et Sarrou de Paris Drouot.
Et puis des oeuvres de Marie-Auguste FLAMENG, de Christophe FRATIN, de Gaston GOOR, de Lucien GRANDGERARD, de Jean-Ignace GRANDVILLE et de nombreux autre artistes lorrains que je vous laisse découvrir sur l'onglet "les Ventes du mois de mars" de la page d'accueil d'Artlorrain.com.
Robert LETERRIER