Le Musée des Beaux-Arts de Nancy vient de clore son exposition : " LES ADAM. LA SCULPTURE EN HÉRITAGE"
Originaire de Nancy, la famille Adam est la plus grande dynastie de sculpteurs français du XVIIIe siècle. Sur trois générations, ses membres déploient leurs talents auprès des plus grands mécènes et participent à plusieurs chantiers majeurs. Formés en Lorraine dans le contexte d’essor artistique des règnes des ducs Léopold et Stanislas, Jacob Sigisbert Adam, ses trois fils Lambert Sigisbert, Nicolas Sébastien et François Gaspard ainsi que leurs neveux Sigisbert François, Pierre Joseph et Claude Michel dit Clodion, œuvrent à Rome, Paris, Versailles ou Berlin au service du pape et des monarques européens comme Louis XV, Louis XVI, Frédéric II de Prusse ou Catherine II de Russie.
Voici quelques unes de leurs oeuvres :
De Jacob-Sigisbert ADAM ces " Putti aux trophées d'armes" :
du même, tous les nancéiens connaissent la très belle façade de la "Maison des Adam" :
De Lambert-Sigisbert ADAM (l'ainé) ce "Buste de Louis XV en Apollon" :
De Nicolas-Sébastien ADAM cette "Iris attachant ses ailes"
De François-Gaspard ADAM cette "Minerve" :
De Claude MICHEL dit CLODION cette " Jeune fille tenant deux colombes près d'une aiguière"
Le 13 février prochain, dans sa nouvelle étude nancéienne, Maitre Landre va proposer aux amateurs le beau groupe en terre cuite d'après Lambert-Sigisbert ADAM "L'enfant à l'écrevisse", que nous présentons en tête de cet article.
Nous reproduisons ci-après, in extenso, l'article de l'expert Mr. Benoît BERTRAND. figurant sur le catalogue de la vente. :
"Groupe en terre cuite représentant un enfant nu assis sur un coquillage et pincé par une écrevisse. H. : 41 cm - L. : 40 cm - P. : 25 cm (petites restaurations aux doigts)
Provenance : Possiblement collection du fermier général Haranc de Presle, sa vente du 30 avril 1795 lot n°159 collection Felix Doistau. 1848-1936 collection de Mademoiselle de Lurcay; sa vente Galerie Charpentier, Etude Etienne Ader, paris 24 mars 1955, n° 42 collection Dillé, sa vente Sotheby's du 18 mars 2015, lot n° 46 collection privée parisienne depuis 2015. Ce modèle a été diffusé et a touché à juste titre le goût de bien des collectionneurs. Un exemplaire en terre cuite est présent dans la collection du fermier général Haranc de Presle. Il est proposé à la vente le 16 avril 1792, lot 156 mais sera retiré puis vendu lors de la vente du 30 avril 1795 lot n°159. On peut supposer qu'il s'agit du modèle présenté ici mais sans certitude absolue, d'autres modèles en terre cuite pouvant exister. Dans cette vente de 1792, cette oeuvre est ainsi décrites : « Un enfant mordu par une écrevisse ; il est assis sur une coquille. Le grand morceau est exécuté à Versailles. Hauteur : 14 pouces, Largeur : 15. »
Ce lot voisine avec des terres-cuites de Clodion, François du Quesnoy, le Gros. L'histoire de ce modèle commence vers 1740. Il est créé un plâtre qui faisait le pendant avec une autre sculpture. En effet, on lisait dans le Mercure d'octobre de cette année : « on doit exécuter ce morceau pour une fontaine placée dans un salon qui fera pendant à la figure d'une petite fille que l'auteur achève, laquelle rira d'un oiseau qu'elle tient dans sa main ». Il existe un modèle en marbre. Exécuté en 1750 et acheté par le comte d'Argenson, il entre dans la collection du comte d'Artois pour être placé dans l'un des bosquets du château de Bagatelle après 1777. Ce marbre apparait dans la collection de Rodolphe Kann (vente Paris 1907 II, section Objets d'art, lot n° 95), puis dans la collection du marquis de Ferronnays. Accessoirement, le Nationalmuseum de Stockholm conserve une miniature de Olof Fridsberg, représentant le cabinet de la comtesse Ulla Tessin ; on y distingue l'Enfant au homard en plâtre ou en marbre. Enfin il existe des répliques en bronze : Un bronze haut de 41 cm dans l'ancienne collection Thomas de Rostang ; et d'autres versions conservées au Victorian and Albert Museum de Londres (inv n° A.18-1960) ; au Detroit Museum, et au Musée des Arts Décoratifs de Paris provenant de la collection de Felix Doistau.
Felix Doistau (1848-1936) était un industriel, collectionneur et donateur qui contribua à l'enrichissement des collections nationales en donnant des oeuvres d'art à de nombreux musées français, notamment au Louvre pour le département des arts islamiques, aux musées Guimet, Carnavalet, des Arts décoratifs à Paris, ainsi qu'aux musées de Sèvres et d'Azay-le-Rideau. Il était vice-président de la Société des amis du Louvre, membre du Conseil d'administration de l'Union centrale des Arts Décoratifs et de celui du musée Carnavalet. Il avait en sa possession deux exemplaires de ce modèle, l'un en bronze qui est dans les collections du musée des Arts Décoratifs et l'autre en terre cuite présenté ici. Un rapport de test de thermoluminescence sera remis à l'acquéreur. Il a été effectué par le QED Laboratoire en date du 2 août 2017et conclue à l'âge moyen de la dernière cuisson entre 225 et 300 ans.
Ouvrage consulté : Pierre-Hippolyte Pénet et Guilhem Scherf : Les Adam, La sculpture en héritage, catalogue de l'exposition, Nancy, du 18 septembre 2021 au 9 janvier 2022
Un modèle identique a été proposé à la vente à Paris par la Maison Sotheby's le 19/03/2015. Il a été cédé pour 11 250 €.