La Lorraine et la céramique

  Au XVIII° siècle plusieurs manufactures lorraines ont produit des objets en céramique de grande qualité avec décor de grand feu. Plusieurs centres sont réputés pour leur production, Lunéville - Saint Clément, Les Islettes et Wally dans l'ouest meusien,  Niderviller en Moselle ou Epinal....
La technique du décor de petit feu de Strasbourg (vers 1750) est reprise par Niderviller, Lunéville et Saint-Clément ; à cette même époque la faïence blanche calcarifère ou encore terre de Lorraine ou terre de pipe, plus plastique que la faïence stannifère, se développe à partir de Lunéville ( Jacques Chambrette).
Les amateurs connaissent l'ouvrage très documenté :  "Céramique Lorraine   Chefs-d'oeuvre des XVIII° & XIX° siècles" par Emile Decker aux Editions Serpenoise et P.U. Nancy en 1990.

Au XIX° siècle, de nombreuses petites unités ont vu le jour que ce soit en Argonne, à Sarreguemines, Badonviller, Toul, Gérardmer ou Ramberviller et bien d'autres moins renommées.

Nous voici à la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle.  Avec l'émergence du mouvement artistique de  l' Ecole de Nancy,  ses initiateurs ont incité beaucoup de jeunes créateurs à travailler la terre et à la décorer.
Citons ainsi Alfred FINOT, L.H.J. GUINGOT, Louis MAJORELLE, Emile GALLÉ, Maurice Paul CHEVALLIER. ....

Après le premier conflit mondial, d'autres artistes ont pris la relève comme Charles VIRION, Alphonse CYTERE, Ernest WITTMANN, Géo CONDÉ ou Emile Just BACHELET, tous convaicus par les nouvelles normes du style Art-Déco.

Enfin plus près de nous est arrivé sur Nancy, puis à Vallauris, un créateur, reconnu, de nos jours, comme une des grandes figures de la céramique française du XX° siècle : Gilbert VALENTIN.
Il nait à Nancy  en 1928. Son père, André Valentin, ferronnier d'art, était chargé de l'entretien des grilles Jean Lamour de la Place Stanislas et faisait partie de l'école de Nancy. Gilbert Valentin a connu très jeune les créateurs de cette époque : architectes, peintres, sculpteurs, verriers et céramistes. C'est donc tout naturellement qu'il apprend les techniques du fer et du bois.

  C'est en 1946 à Dieulefit dans la Drome que Gilbert Valentin découvre la céramique et s'initie aux techniques les plus primitives de cet art. En 1950, il s'installe à Vallauris où il rencontre Pablo Picasso, Jacques Prévert, Georges Braque ou Jean Cocteau.

Comme tous les céramistes présents dans cette ville de la Cote d'Azur (Suzanne Ramié, Jean Derval, Roger Capron et Pablo Picasso bien sûr), Gilbert Valentin va activement participer au renouvellement des formes et des décors. 
On trouve  des céramiques de l'artiste au Musée de la Céramique de Vallauris ainsi qu'au Musée de la poterie méditerranéenne "Les Trente Glorieuses".
Actuellement ses oeuvres se rencontrent très fréquemment dans les ventes spécialisées organisées par les commissaires priseurs de l'Hexagone.

En voici quelques uns, parmi les plus beaux exemplaires passés en salles de ventes   :
Ce très grand vase balustre en faïence, circa 1950, recouvert de sous-couches en aplats, décor géométrique serti, émaux polychromes, fond vert. Signature "G. Valentin-Les Archanges-Sigle de l'atelier". (Restaurations). Haut. 71cm
Acquis par un amateur en 2016 pour 5460 € frais inclus

Ce vase "zoomorphe" H. 48cm cédé pour 2625 € en mars 2018
                                                     
Cet autre vase en céramique de forme naturaliste à décor d'oiseau stylisé cédé pour 2000 €  hors frais à Lyon en février 2017 :
                                   
Ou enfin, ce grand panneau décoratif mural 32cmx200cm adjugé 10 500 € hors frais en septembre 2020 :

 

 Les curieux pourront retrouver toute une étude sur Gilbert VALENTIN dans l'ouvrage de Pierre Staudenmeyer "La céramique française des années 1950" Paris Norma Editions 2001