Caroline MURAT, Reine de Naples

Caroline MURAT, Reine de Naples - Miniature sur ivoire signée

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Lot n° 118
Peinte en miniature et en buste de face, dans un ovale sous verre, le visage légèrement tourné à droite, en robe de velours noir, parée d’un diadème et d’une couronne royale en diamants.
Gouache sur ivoire*.
H. : 5,9 cm ; L. : 3,8 cm
Signé à droite : Dun
Cadre en bronze doré sur support en velours cramoisi à trépied portant la marque du fabricant : Ch. Leroux. 141 Fg St Honoré.
Provenance :
- collection de Caroline Murat (1782-1839), reine de Naples
- son fils, Lucien Murat (1803-1878), 3e prince Murat
- son fils, Joachim Murat (1834-1901), 4e prince Murat, au château de Chambly
- son fils, Joachim Napoléon Murat (1856-1932), 5e prince Murat, au château de Chambly
- puis par descendance.
Rare portrait de la reine Caroline Murat peint par Dun, un des miniaturistes les plus emblématiques de l’art de la miniature à la cour de Naples au début du XIXe siècle, sous l’éphémère règne de Joachim Murat.
Nicolas-François DUN (1764-1832)
Miniaturiste officiel de Joachim et Caroline Murat, roi et reine de Naples.
Peintre en miniature français, il naquit dans l'Est de la France, à Lunéville (Lorraine), son père et son grand-père étaient musiciens de la cour du roi Stanislas Leszczyński (1677-1766). Selon le prince Filangieri, auteur d'un guide du musée de Naples publié en 1888, Dun aurait quitté sa ville natale fort jeune et suivi les armées napoléoniennes en Italie avant de s'installer à Naples au début du XIXe siècle. Au regard de certaines œuvres de l'artiste, il semble que Dun ait gagné Naples avant 1808, participant du cercle des artistes de la cour de Lady Hamilton dont il exécuta un médaillon destiné à l'amiral Acton qui, à son tour, commanda en 1810 à l'artiste son portrait, en gouverneur de Gaëta, et celui de son fils, en cadet de marine. Dès les premières années du XIXe siècle, Dun paraît avoir eu les faveurs de la cour des Bourbons de Naples, bénéficiant de l'exceptionnel essor de l'art du portrait en miniature sous le règne du roi Ferdinand Ier des Deux-Siciles, comme en témoignent ses premiers portraits de la reine Marie-Caroline, de la princesse de Bauffremont, née Paterno-Moncada, de la princesse Belmonte-Ventimiglia et de la duchesse Harley d'Oxford. Vers 1808, Dun exécuta le portrait d'Alexandrine de Beauchamps, épouse de Lucien Bonaparte (voir coll. du comte Primoli à Rome). Dès 1809, encourageant cette nouvelle mode du portrait en miniature, dont on dénombrait plus d'une trentaine de peintres spécialistes à Naples, le nouveau roi Joachim Murat institua par décret une classe d'enseignement de cet art à l'Académie royale de dessin. Naples devint, après Saint-Pétersbourg, la seconde ville à enseigner officiellement l'art de la peinture en miniature, dont la classe fut confiée à Antonio Zuccarelli. Très rapidement la propagande artistique nécessaire à cette nouvelle cour fit que Joachim et Caroline Murat s'adressèrent à Zucarelli mais aussi à d'autres peintres en miniature installés à Naples, dont Nicolas-François Dun, pour exécuter leurs portraits et ceux de leur famille pour des tabatières et des cadeaux diplomatiques. Egalement, on peut noter des tasses en porcelaine de la manufacture de Capodimonte qui furent ornées de portraits de la famille royale de Naples d'après Dun.
Grâce aux archives des Princes Murat, en dépôt aux Archives nationales de France à Paris, on sait par les comptes de la reine Caroline pour l'année 1814 que la souveraine commanda à Dun plusieurs portraits d'elle, du roi Joachim et de leurs enfants en différents formats [voir Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français, 1925, "Le miniaturiste lorrain Nicolas-François Dun (1764-1832)" par M. Carlo Jeannerat]. On distingue plusieurs séries de portraits livrées par l'artiste à la reine cette année-là dont une série de miniatures destinée à orner une boîte rouge appartenant à la souveraine.
Au début du XXe siècle, une série de ces miniatures, exécutées par Dun, était encore conservée dans les collections des princes Murat au château de Chambly, parmi celles-ci se trouvaient les deux portraits de Caroline Murat par Dun que nous présentons aujourd'hui et qui sont toujours conservés dans la descendance de la reine de Naples.
D'autres portraits de la famille de Joachim Murat exécutés par Dun sont réapparus à la fin du XIXe et au début du XXe siècle dans de grandes collections européennes comme celles du musée Marmottan à Paris, de la comtesse Isolani, descendante de Laetitia Murat à Bologne, de Madame Récamier (vente 1893), de M. Bernard Franck, du comte de Neipperg, du prince de la Moskowa et du duc de Wellington.
Après la chute de Joachim Murat, Dun travailla de nouveau pour les Bourbon de Naples et des membres de la haute aristocratie européenne, réalisant les portraits du prince de Salerne ou encore des comtes Orloff.
En 1824, Dun participa au Salon de Paris où il exposa les portraits en miniature des ducs de Calabre sous les n° 2195 et 2196.
Nombre des portraits de l'artiste furent immortalisés par la gravure. Dès 1827, un certain Jean-Marie Leroux exposait au Salon de Paris les portraits du roi et de la reine de Naples d'après Dun sous les n°1273 et 1274.
Agé de soixante-huit ans, Nicolas-François Dun décéda dans sa résidence du 118 Riviera di Chiaia à Naples, le 19 juillet 1832.
Les musées Condé à Chantilly, de Capodimonte et de Filangieri à Naples, de Gotha en Allemagne ou encore la Wallace Collection de Londres conservent des œuvres de Nicolas-François Dun.