Henri BOSSUT
Henri BOSSUT
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Cet artiste, peintre, né en 1899 a été banni des répertoires d'artistes lorrains à la suite de sa prise de position politique durant la seconde guerre mondiale.
S'étant engagé dans l'armée allemande il décèdera des suites de ses blessures en Bielorussie en 1944
Son parcours artistique a été parfaitement décrit par Georges Legey dans le journal "collaborationiste" l'Echo de Nancy" du mercredi 28 juin 1944 :
"L'artiste et l'ami
Je veux, à mon tour, le coeur torturé, mais fier de lui et de la leçon qu il nous laisse, rendre un suprême hommage à Henry Bossut.
Une amitié sans défaillance, toute bruissante de souvenirs et vieille de près de trente ans. : C'est l'autre guerre qui l'avait fail naître. Oui, en 1916. au sortir des boues de la Somme, à l'heure même où j'apprenais à admirer le talent de Gaston Broquet, sculpteur meusien, et où Henry Bossut m'envoyait ses premiers dessins pour un petit Journal du front.
Il était bien jeune et suivait encore les cours de notre école régionale des Beaux-Arts, guidé par la forte expérience de Victor Prouvé, qui mettait en lui les plus grands espoirs. Déjà à cette époque, sans qu'il soit besoin d'attendre la maturité de l'artiste, on trouvait dans les croquis d'Henry Bossut une sûreté de main, une volonté créatrice, une richesse d imagination qui n'eurent guère à se compléter p>ar la suite f>our le classer dans les milieux de l'art, souvent hostiles aux débutants.
Bossut, lui, s'imposait. Et ceux que nous appetlions ensemble, avec la même ironie, « les vieilles barbes », ne pouvaient rien contre sa jeunesse et la vigueur de son métier. Entre temps, le dessinateur devenait soldat. Cavalier, il fit partie de notre corps expéditionnaire en Syrie et de son séjour mouvementé dans le Proche-Orient, il rapporta visions ensoleillées, goût du baroud, ruban cueilli en pleine bataille dans l'odeur de la poudre et des cèdres, et il mérita les galons de maréchal des logis. Prémices d une vie qui s'annonçâit sous le signe de l'héroïsme... En 1923, le Congrès des Jeunes, révélant à Nancy la production intellectuelle. acheva de nous rapprocher tous les deux. Henry Bossut y rassembla des aquarelles, des portraits à l'huile, des esquisses d'une étonnante variété, comme par la suite il sut se manifester avec éclat dans nos divers Salons, dans ses expositions personnelles et dans sa collaboration féconde avec Aristide Colotte, à qui il dessina une floraison de modèles pour la sculpture sur cristal.
Et puis, 1939-40: les premières stations d'un calvaire qu'il aura gravi sans broncher. Bossut est versé dans l'artillerie, comme sous-officier. Il se bat, ainsi que le firent les plus braves. Mais au matin de l'été fatal, son unité est encerclée et le voilà prisonnier. Tenant compte de ses services antérieurs, le vainqueur le libère et lui permet de rejoindre son fils. C'est alors que se dénoue en lui le drame cornélien qui oppose le devoir à l'amour. Amour du fruit de sa chair, amour de son art et de la vie et de toutes les joies auxquelles un être doué peut prétendre. Ohl la lutte sentimentale n'est pas de longue durée. Sa décision sera vite arrêtée: il ira rejoindre les camarades qui, là-bas, sur le front de l'Est, ccmbattent sous l'égide de nos trois couleurs. Ceux-là et tous les autres que galvanise le même et brûlant idéal. Et c'est ainsi que nous l'avions revu à Nancy, au cours de plusieurs permissions, dans cet uniforme européen d'adjudant, puis d'adjudant-chef de la Légion, noble et généreuse cohorte où ne sont admis que les hommes de cran et de sacrifice. Bossut parlait peu. Quand il nous revenait, après quelque chaude affaire entre son poste et les partisans, nous remarquions la gravité de sa mine et de ses propos.... . La pensée sainte du croisé, le devoir jusqu'au bout, jusqu'à la mort. La mort ! Henry Bossut est-il donc vrai que tu sois couché dans l'ombre froide d'une terre étrangère? Et que nous ne puissions plus nous réjouir ni de ta réconfortante venue, ni de tes œuvres, toutes marquées de ta vaillance et de ta foi ? ........" !!!! Quel lyrisme fou.!
Entre les deux guerres Henri Bossut a beaucoup produit et a exposé de nombreuses fois au Salon de Nancy ou dans les galeries de la ville.
Ainsi en 1931, chez Mosser, il présentait un ensemble très complet de portraits, natures mortes, fleurs et foules aux courses.
Bibl. : "Le Pays lorrain 1932" p. 202