Pendule à "La Paix"

Pendule à "La Paix" - Biscuit, porcelaine et bronze signée

Lot n° 255

Le cadran émaillé blanc est décoré par Coteau et signé Schmit à Paris. Il est enchâssé dans un support rectangulaire bleu, à droite une femme drapée symbolisant la Paix tend une torche pour mettre le feu à un trophée de guerre disposé à gauche. L’ensemble repose sur un socle de porcelaine aux angles arrondis, orné de plaques décorées de rinceaux feuillagés en grisaille sur fond jaune, soulignées de bronze ciselé et doré, et portant l’inscription « Manuf.re de MM GUERHARD et DIHL à Paris ». Ce socle est supporté par des pieds toupie en bronze doré. Fin du XVIIIème siècle.
Haut. : 53 cm - Larg. : 45,5 cm - Prof. : 16,5 cm
Cette pendule « La Paix » est répertoriée dans l’inventaire après décès de Dihl. Une pendule similaire avec un mouvement également signé « SCHMIT à Paris » faisait partie des anciennes collections Gustave et Robert de Rothschild. Une pendule provenant de la même origine mais avec des motifs de décoration différents est exposée au Musée des Arts Décoratifs de Baltimore. Ce modèle a été créé par Charles-Gabriel Sauvage dit Lemire. Charles-Gabriel Sauvage dit Lemire (1741-1827) Sculpteur est né en 1741 à Lunéville près de Nancy et décédé en 1827 à Paris. Fils d’un fondeur, Lemire travailla très jeune, en 1759, aux ateliers de modelage de la manufacture de Niderviller. Il en assura la direction pendant une vingtaine d’années avant d’entrer au service de Dihl et Guérhard. Il exposa à Paris de 1808 à 1819 et remporta une médaille en 1808. On cite de lui L’Innocence, marbre pour le Ministère de l’Intérieur, maintenant au Musée de Tours et Le génie de la Poésie du Musée de Marseille. Le Louvre conserve de lui : L’Amour mettant une corde à son arc. Cette superbe pendule illustre l’exceptionnelle inventivité des horlogers parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle qui parvinrent à créer des oeuvres d’une originalité et d’une qualité sans égale en associant les matériaux les plus luxueux et les plus précieux. Jean-Nicolas Schmit (mort vers 1820) Figure parmi les plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des décennies du siècle suivant. Après son accession à la maîtrise, en août 1781, il installe son atelier rue Betizy et connaît immédiatement une grande notoriété auprès des grands collectionneurs du temps. La perfection de ses mouvements attire notamment l’attention des deux directeurs de la Manufacture du duc d’Angoulême : Dihl et Guérhard, qui le font collaborer pour la réalisation de la quasi-totalité des mécanismes des pendules créées par leur entreprise. Enfin, relevons que certains documents anciens mentionnent des pendules de cet horloger chez les plus grands amateurs d’art de l’époque, citons notamment celles décrites au moment des inventaires après décès de Son Excellence Jean-Etienne-Marie de Portalis, conseiller d’état de Napoléon, et de l’épouse de Louis-Marie-Bretagne-Dominique de Rohan-Chabot, duc de Rohan et cousin du roi Louis XV. Manufacture dite « du duc d’Angoulême » Christopher Dihl quitta le Palatinat pour la France en 1778 et tint rapidement commerce de porcelaine à Paris. En 1781, Dihl, sculpteur à Paris, signait un acte de société pour la fondation d’une manufacture de porcelaine avec un voisin, Antoine Guérhard, bourgeois de Paris, et Madeleine Croizé, son épouse. Dihl était le technicien apportant son industrie, son talent, sa peine et ses soins … ainsi que de nombreux moules. Les époux Guérhard, com-manditaires et gestionnaires, s’engageaient à payer sur leurs deniers personnels les meilleurs ouvriers. Ils s’installèrent dans une maison louée rue de Bondy. Dès le 28 septembre 1781, Dihl déposa la marque AG (Angoulême) devant le lieutenant général de police Lenoir qui, le 23 juillet 1782, confirmait la protection du duc d’Angoulême. La fabrique fonctionna parfaitement dès sa création : en 1785, alors qu’elle employait douze sculpteurs et trente peintres, elle se disait être accablée de commandes, et vendre considérablement. Elle fut rapidement citée comme égalant celle de Sèvres et fut rapidement réputée pour ses somptueuses pendules associant bronze et biscuits de porcelaine. La manufacture ne se privait pas d’employer des ouvriers de Sèvres mais, diplomate, Mme Guérhard les y renvoyait volontiers, comme les sculpteurs Huni, en 1783, et Desperais, enaoût 1796, particulièrement utile par ses talents pour l’exécution des bas-reliefs. Guérhard mourut en 1793. La fabrique employait alors cinq cents ouvriers et faisait vivre plus de deux mille personnes, dont le personnel de la carrière de La Crinière, d’où l’on extrayait la terre à cazettes. Il ne faut donc pas s’étonner si la fabrique embaucha cette même année 1793, en pleine Terreur, une cinquantaine d’ouvriers de Niderviller, dont des modeleurs, mis au chômage, conséquence de l’exécution du propriétaire, le général-comte de Custine. Il est possible que Lemire à qui l’on doit le modèle des biscuits de cette pendule, travaillant également à Niderviller soit arrivé à cette date. Le Consulat et les premières années de l’Empire marquèrent l’apogée de la manufacture, récompensée à l’Exposition des produits de l’industrie (an VI/ 1798) et par une médaille d’or à l’Exposition de 1806. La crise de 1806, engendra l’arrêt des exportations et une baisse de la production. La fabrication cessa vers 1822-1824, précédant une difficile dissolution de la société en 1828. Dihl mourut ruiné le 12 février 1830. La production de cette manufacture est exceptionnelle par la qualité et l’importance des biscuits : figures, groupes, vases, pendules, cités en l’an VIII par le Dictionnaire universel de la géographie commerçante pour la « décoration de grand genre surtout les grandes pendules en beau biscuit ». Lorsque, en 1790, George Washington chargea son représentant en France, Gouverneur Morris, de lui procurer des porcelaines, celui-ci nota dans son Journal être allé à la manufacture du duc d’Angoulême : « Nous trouvons que la porcelaine ici est plus élégante et meilleur marché que celle de Sèvres ». Il acquit pour Washington un surtout de table de douze figures, dont certains éléments existent encore au Mount Vernon Museum et au Philadelphia Museum of Art. Bibliographie : R. de Plinval de Guillebon, Les biscuits de porcelaine de Paris XVIIIe-XIXe siècles, Editions Faton, Dijon, 2012. Pierre Kjellberg, Encyclopédie de la pendule français du Moyen Age au XXe siècle, Les éditions de l’Amateur, Paris 1997, p. 299.